Exposition
Un voyage dans les succès mondiaux de la chanson française
La Cité internationale de la langue française accueille sa première exposition temporaire depuis son ouverture à l'automne dernier au sein du château de Villers-Cotterêts. Celle-ci s'intitule « C'est une chanson qui nous ressemble, succès mondiaux des musiques populaires francophones » et a été confiée à Bertrand Dicale, journaliste spécialisé en chanson française. Un voyage dans les succès de la musique populaire française à travers le monde qui parlera à tous et à toutes les générations depuis Mireille Mathieu jusqu'à Aya Nakamura en passant par Céline Dion et les Négresses Vertes.
La Cité internationale de la langue française présente sa première exposition temporaire et celle-ci est dédiée à la chanson française qui s'exporte à l'étranger à travers les époques. « Cette exposition, ça n'est pas du tout une histoire ou un portrait orienté de la chanson française, c'est le contraire, les visiteurs vont y découvrir un grand désordre en quelque sorte et des choses qui n'ont rien à voir les unes avec les autres parce que les raisons pour lesquelles on écoute de la chanson française changent en permanence selon les pays, les époques et selon les genres », explique Bertrand Dicale, journaliste et chroniqueur notamment à Radio France, spécialiste de la chanson française, auquel la Cité a commandé cette exposition.
Dans cette
Cité, « ni musée ni conservatoire de la langue » comme
le rappelle Paul Rondin, son Directeur, l'ambition est de donner à
voir l'histoire de la langue française comme celle d'un objet en
perpétuel mouvement. « Nous avons regardé ce qui s'écoute
comme musique française à l'étranger et nous nous sommes demandé
ce qui faisait qu'une personne qui n'est pas d'origine française ou
francophone et ne parle pas français, va écouter de la chanson
française, précise Bertrand Dicale, commissaire de l'exposition.
Nous avons construit l'exposition à partir de cela. »
De Juliette Gréco à Aya Nakamura...
Le rendu épouse les contours d’un art diffracte et mouvant, enchevêtrement de singularités, d’enracinements et de métissages, d’aventures fugaces et de mélodies éternelles, de noms immenses et d’anonymes, d’épisodes de légende et d’aventures oubliées. L'exposition s'ouvre avec Aya Nakamura qui fait face à Juliette Gréco, ce qui peut interpeller et pourtant... « Ces deux personnalités face-à-face, c'est assez normal, assure Bertrand Dicale. Gréco, c'est la femme sublimement belle et élégante des années 1950 avec ses robes de scènes Balmain et Dior et qui chante une poésie sublime. Aya Nakamura, personne à l'étranger ne la perçoit comme une Malienne qui a grandi en France mais comme une Française qui est au summum du décorum, de la classe et de la splendeur française et qui va à la rencontre des clichés de l'imagerie française en portant des robes qui font rêver et en se mettant en scène dans ses clips dans des châteaux qui peuvent faire penser à Versailles. » Le commissaire de l'exposition rappelle qu'Aya Nakamura a vendu plus d'un million d'albums à l'étranger et qu'elle a été la 1ère artiste à chanter en langue française à se classer dans les tops en Inde, au Costa Rica ou encore aux Emirats Arabes Unis. « Quand on parle de l'impact de la chanson en langue française dans le monde, ça n'est pas de la nostalgie ou de la mélancolie, c'est actuel », souligne le commissaire.
Une prédominance des femmes
Le parcours de visite s'étale sur près de 400 m² et le visiteur peut évoluer dans 5 salles aux caractères et aux ambiances très différents : du cabaret à la rue, du music-hall au club en passant par le dancing. On y retrouve des personnalités et des icônes, des chansons phares que le visiteur peut écouter grâce à un casque audio, des objets rares comme des costumes de scène de Françoise Hardy, des Négresses Vertes, des instruments de musique comme la guitare d'un membre du groupe Kassav', des manuscrits comme celui de la chanson Les Champs-Elysées, écrite par Pierre Delanoë pour Joe Dassin.
Si le parcours évoque évidemment des chanteurs comme Charles Aznavour, Adamo, Enrico Macias, il fait la part belle aux femmes : Édith Piaf, Juliette Gréco, Françoise Hardy, Zaz, Céline Dion... « Quand j'ai commencé à réfléchir à cette exposition, ce sont les premiers noms qui me sont venus, Gréco, Hardy, Nakamura et Piaf et il est troublant de voir à quel point ce sont les femmes qui, hors de nos frontières, portent la langue française. On projette beaucoup plus le rêve que ce soit un rêve littéraire, un rêve un peu érotisé, ou un rêve de révolte, vers des femmes. J'aime à dire qu'elles font le "taff" quand les hommes construisent une œuvre. Elles ont une espèce d'humilité et de conscience qu'elles font un travail et cela cadre moins avec les ego parfois surdimensionnés des garçons. »
L'exposition ludique, interactive comme lorsqu'il est proposé au visiteur de remixer la chanson de Céline Dion Pour que tu m'aimes encore, s'adresse à tous les publics. « Elle est faite pour que les gens viennent en famille, pour que les grands-mères apprennent qui est Aya Nakamura et qui est Indila et que les petits-enfants apprennent qui sont Maurice Chevalier, Juliette Gréco ou Adamo, détaille Bertrand Dicale. Et nous avons un partenariat avec France Info qui permet au visiteur de télécharger du podcast et des chroniques via des QR-codes, pour avoir du contenu supplémentaire à la maison. »
L'exposition « C'est une chanson qui nous ressemble, succès mondiaux des musiques populaires francophones » est à découvrir depuis le 19 juin et jusqu'au 5 janvier 2025 à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts.