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Édition

Les « Mémoires de la Somme » de Mandy Marsh

Les Editions du Panthéon viennent de publier un ouvrage qui fait office de document historique. Native de la vallée de La Nièvre, Mandy Marsh, 88 ans, transmet au fil des pages les témoignages précieux de ses aïeuls, en majorité salariés dans les usines de textile de famille Saint, ainsi que les siens. Le style est vivant, précis et sans concession.

Un ouvrage important à lire.
Un ouvrage important à lire.

Née avant la Seconde Guerre mondiale, Mandy Marsh emmène notamment le lecteur sur « les routes de l’enfer de l’exode » qui ont mené sa famille, sans oublier le chien, vers la Bretagne puis les Basses-Pyrénées : « L’aller était abominable. J’avais un poignet cassé, une infection à une jambe. On est rentrés vite car les usines avaient besoin de main d’œuvre. On a retrouvé la maison intacte mais l’occupation avec les Allemands, la Gestapo, c’était difficile à vivre. On manquait de tout. On mangeait des pigeons. On avait de la chance car on pouvait faire pousser des légumes dans le jardin. On faisait des colis pour ceux qui vivaient en ville», raconte t-elle par téléphone.

Elle évoque aussi le destin tragique de sa courageuse maman qui a perdu trois de ses onze enfants en bas âge : « Je l’entendais en pleine nuit battre le linge. Elle ne se plaignait jamais. Tous ces gens sont passés à côté de leur vie. » Des plaies qu’elle a tenté de panser adulte en Angleterre, où elle vécu durant cinquante ans, fondé une famille et où cette infirmière a gravi un à un les échelons pour achever sa carrière comme senior nursery manager au service national de la santé britannique. Toujours active, elle tenait à ce que ses souvenirs précieux ne s’oublient pas aux yeux de ses deux enfants, de ses sept petits enfants et de ses quatre arrières petits enfants.

Elle voulait aussi parler de ce département de la Somme dont elle estime qu’il est méconnu. Elle met en lumière des communes comme Rollot, Lanches-Saint-Hilaire, Valloires… Elle évoque les muches, la guerre de 70, le colonialisme, la reconstruction, la vie quotidienne dans la vallée de la Nièvre… « Les gens ne se rendent pas compte de l’histoire incroyable qu’ont vécu ces communes. Cela n’est pas enseigné à l’école. C’est une région sous estimée. Albert, par exemple, a beaucoup souffert. Je vis en Normandie mais tous les 1er juillet, premier jour de la bataille de la Somme de 1916, je me rends sur les lieux de mémoire de la guerre en hommage aussi à mon mari qui a servi dans l’armée royale britannique. »