Les disparités de la qualité de vie dans les territoires picards
Le terme de qualité de vie recouvre divers sens englobant le « contexte qualitatif de la vie quotidienne », ainsi que les conditions de vie matérielle. De fait, plusieurs caractéristiques individuelles rapportées à des critères socio-économiques tels que les revenus, le logement ou l’emploi. Le confort accordé par le cadre de vie des territoires (accès aux équipements et aux services, qualité de l’environnement, liens sociaux, etc.) entrent aussi en ligne de compte. Ainsi, on peut identifier les atouts et handicaps de chaque territoire, permettant in fine d’apprécier leurs différences en matière de qualité de vie. Selon l’Insee, les territoires picards « connaissent une situation contrastée qui dépend d’abord de leur degré d’urbanisation et des conditions de vie de leurs habitants ».
L’approche de la qualité de vie dans les territoires picards, met en évidence les différences territoriales intra-régionales, à travers leurs atouts et leurs handicaps. Selon l’Insee, la Picardie a « la particularité d’avoir une population moins concentrée dans les grands pôles urbains qu’ailleurs en France ». Cela donne une proportion de 30% d’habitants vivant dans une commune de plus de 10 000 habitants (contre 1 habitant sur 2 à l’échelle nationale). La région abrite des territoires très variés, divisés selon l’institut de la statistique en six profils. Les territoires périurbains, peu denses et plutôt favorisés, sont souvent éloignés des emplois. Les territoires peu urbanisés, aux caractéristiques socio-économiques intermédiaires, sont éloignés des équipements et des emplois. Les territoires hors de l’influence des grands pôles d’emplois, peu urbanisés, sont plutôt isolés et défavorisés. Les territoires polarisés par des villes moyennes, sont plutôt favorisés en termes d’emploi et de niveaux de revenus. Les territoires très urbanisés, bien équipés ont des caractéristiques socio-économiques contrastées. Enfin, il y a les territoires denses et très favorisés. Chacun ayant ces propres atouts influant de fait, « la qualité et le cadre de vie des habitants qui y résident ».
Des critères de différenciations multiples Le premier critère d’opposition classique entre espaces urbains et ruraux est le degré d’urbanisation. D’un côté, nous avons des espaces urbains bénéficiant généralement plus facilement d’un accès aux commerces, service et autres équipements culturels et de loisirs. En revanche, ils souffrent d’une plus grande exposition à la pollution et de plus fortes difficultés de circulation. De l’autre, des espaces ruraux ayant une meilleure proximité aux espaces naturels et de meilleurs accès à des maisons individuelles, souvent plus spacieuses. Cependant, habiter dans ce type de territoire contraint à « des déplacements plus longs et plus fréquents ». Les facteurs socio-économiques constituent des critères perceptibles des différences entre les territoires. En effet, « certains territoires accueillent des populations en moyenne plutôt favorisées, ayant des niveaux de diplôme et de revenus élevés ». À l’opposé, dans d’autres territoires, le chômage est élevé et l’insertion sociale par l’emploi est plus difficile. Les indicateurs retenus font apparaître une région contrastée. Ainsi, divers marqueurs entrent en ligne de compte (accès aux équipements, culture-sports-loisirs-vie associative, égalité femmes-hommes, emploi-travail, environnement, équilibre travail-vie privée, logement, relations sociales, revenus, santé, transports, et vie citoyenne).
Six profils de territoires D’après l’Insee, le premier profil regroupe 14 communautés de commune (près de 288 000 habitants), se situant dans la périphérie d’Amiens, et allant jusqu’au sud de la région, et le long de la vallée de l’Oise. La qualité de vie y est plus favorable par rapport à l’ensemble de la région, avec sa proximité de grands pôles d’emplois (Amiens et l’Île-de-France). Les individus y résidants sont généralement en activité, le taux d’emploi des 25-54 ans (86%) y étant plus élevé que la moyenne régionale (79%). Les emplois stables y sont plus fréquents et le taux de chômage le plus bas en Picardie. Notons que cette situation favorable, notamment concernant l’emploi, se fait au détriment de distance plus longues (38% des actifs habitent à plus de 30 minutes de leur lieu de travail). En revanche, l’accès aux commerces et services est relativement proche de la moyenne en Picardie. Le second profil « à forte dominante rurale », présente les « caractéristiques typiques des territoires ruraux périurbains ». Il concentre près de 358 000 Picards. Il est localisé en périphérie éloignée d’Amiens, autour de villes comme Abbeville, Beauvais, SaintQuentin, Laon ou Soissons. Il bénéficie d’un prix du foncier attractif et de sa proximité avec des grandes villes. Pourtant, ces territoires se trouvent aussi bien éloignés des commerces et services que des zones d’emplois. Selon l’Insee, on y retrouve les « plus grandes proportions de population éloignées des équipements : 19% habitent à plus de sept minutes de la gamme de proximité (boulangerie, école élémentaire…) et 23% à plus de 15 minutes de la gamme intermédiaire (supermarché, collège…) », tandis que la moyenne régionale se situe à 9% pour chacun des deux ensembles. Cependant, la population est légèrement plus active que la moyenne régionale et les taux de chômage plus faible que le pourcentage régional. Circonscrit au nord de la région, le troisième profil englobe principalement l’Aisne et l’est de la Somme. Plus isolé et plus défavorisé, il regroupe dixneuf communautés de communes (298 000 résidents). Sa situation est caractérisée par un marché du travail difficile (16,5% de chômage contre 14,1% pour la Picardie). Toutefois, la population a facilement accès aux commerces, services et aux services de santé grâce au « maillage des territoires par un réseau de petits pôles ruraux ». Le quatrième profil identifié par l’Insee correspond à une dizaine de territoire (292 000 habitants) au sud de la Picardie (ChâteauThierry, Compiègne, Clermont, Villers-Cotterêts, Méru…). Ces habitants bénéficient de pôles d’emplois grâce à « la proximité d’un pôle de commerces et services », mais aussi par le rapprochement géographique avec l’Île-de-France, le taux d’emploi des 25-54 ans y dépasse 80%. Le cinquième profil donné par l’Insee réunit sept communautés d’agglomérations et deux communautés de communes (596 000 habitants) autour de grandes villes de la région (Amiens, Saint-Quentin, Beauvais, Creil, Laon, Abbeville). Ces territoires sont « très urbanisés, denses en population comme en emplois », et disposent de commerces, services et hôpitaux en quantité. En revanche, ils se caractérisent par de « forte disparités sociales et économiques entre les individus, entre les territoires eux-mêmes, ainsi que les quartiers ». Enfin, le dernier profil regroupe trois communautés de communes (71 000 habitants) autour des villes de Senlis et Chantilly. Celui-ci est caractérisé par des territoires denses et aisés où les facteurs socio-économiques sont bons (taux d’emplois élevés et population très diplômées), la population accédant facilement aux équipements.
Camille SCHAUB