Innovation
Le recyclage, nouvelle opportunité de business et de développement
Les Rencontres régionales de la recherche et de l'innovation ont consacré une matinée aux ressources de demain et au processus de recyclage à l'occasion d'un débat sur l'économie circulaire dans la région.
Du 23 novembre au 1er décembre 2021 avait lieu la cinquième édition – à la fois en présentiel et en distanciel – des Rencontres régionales de la recherche et de l'innovation, organisées par la région Hauts-de-France et animées par Hauts-de-France Innovation Développement (HDFID). Cette semaine, permet de générer du business et des collaborations entre les différents acteurs - porteurs de projets, chefs d'entreprises, chercheurs, étudiants, start-up... - et de mettre en lumière les dernières innovations à travers une quinzaine d'événements sur le territoire.
Lors d'une matinée le 25 novembre 2021, plusieurs experts et industriels s'étaient réunis à La Chaufferie de Tourcoing (Nord) pour débattre de l'intérêt de l'économie circulaire ainsi que des enjeux et des opportunités qu'offrent les déchets en matière d'écologie et de business. « Évidemment le meilleur des déchets c'est celui que nous ne produisons pas », a rappelé Carole Magnez, directrice du pôle de compétitivité Team2. « L'économie circulaire, contrairement à l'économie linéaire, consiste à produire des biens et des services de manière durable tout en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Aujourd'hui, nous devons impérativement tous être mobilisés dans ce sens ».
Se former au tri
Le plastique, répandu dans tous les usages de la vie courante, a été cité comme premier exemple des défis à relever. « Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le plastique, s'il est éco-conçu dès le départ, est une matière durable. Ce sont nos usages qu'il faut revoir », s'est défendu Franck Duhamel, chargé d'affaires chez Plastium, pôle d'excellence en plasturgie et composites, basé à Ruitz, dans le Pas-de-Calais.
L'expert admet toutefois que le plastique ne soit pas si facile à recycler, compte-tenu de sa composition, issue d'un mélange de matériaux. « Il n'y a pas un plastique mais des plastiques, c'est pourquoi il est difficile à trier », résume-t-il. « Pour s'informer et se former à des procédés plus robustes et plus flexibles qui soient en mesure de gérer la fluctuation des matières, il peut être très intéressant de se rapprocher du Club des équipementiers français du recyclage », conseille Carole Magnez.
L'accompagnement est également essentiel dans le recyclage des batteries, dont le nombre est en constante évolution ces dernières années pour répondre à nos besoins croissants en termes de mobilité. Sur le territoire, cet enjeu est d'autant plus important que la Région a la volonté, clairement affichée, de « devenir un Airbus de la batterie », selon les termes de la directrice de Team2. « Aujourd'hui la batterie est partout, comme le plastique à une époque. Son avenir et son recyclage doivent donc être au cœur des préoccupations des industriels », ajoute Franck Duhamel.
Se faire accompagner
Certains ont déjà anticipé, comme l'explique Stéphane Bourg, chargé de mission Innovation au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) : « La filière du recyclage existe déjà et elle est même bien structurée et organisée, avec la présence d'actueurs comme Unicore, Snam et Veolia qui recyclent à eux trois 6 à 7 000 tonnes de batteries par an ». Des consortiums ont également vu le jour pour permettre au monde académique et au monde industriel d'allier leurs compétences en la matière. Car le défi est de taille. Avec une durée de vie moyenne de quinze ans entre sa première et sa deuxième vie, la batterie doit être éco-conçue elle aussi dès son procédé de fabrication. « Comment développer une industrie du recyclage si l'on n'est pas certains de pouvoir récupérer ces matières un jour ou l'autre ? », s'interroge Franck Duhamel.
De premiers
éléments de réponse pourraient être trouvés à l'échelle
européenne. « L'Europe apporte un soutien financier mais
également des idées. En s'inspirant des pays voisins, nous
pourrions trouver des solutions innovantes et durables pour nos territoires.
C'est une réelle opportunité en termes de complémentarités »,
poursuit-il. La filière du textile a déjà sauté le pas de la
coopération à plus grande échelle avec le lancement de Retex il y
a six ans. Ce projet issu du programme Interreg vise à structurer et
pérenniser la filière pour faire émerger de nouvelles idées en
matière d'éco-conception. Prochain défi pour les industriels, concevoir des produits issus du recyclage aussi performants que les produits vierges. « On n'y arrive pas encore, mais ça viendra... », sourit Franck Duhamel.