La Trilogie du milieu de Fernando Di Leo Joyaux méconnus du polar italien
Longtemps cantonné au culte secret des adeptes de séries B, le polar italien des années 1970 retrouve des couleurs grâce à l'édition prestigieuse, en version restaurée, de la Trilogie du milieu de Fernando Di Leo.
Si le western italien connut ses heures de gloire au cours des années 1960, le polar urbain («poliziottesco» dans la langue de Dante) fit florès dans la péninsule durant les années 1970. Influencés par French Connection de William Friedkin ou L’Inspecteur Harry de Don Siegel, quelques réalisateurs furent les artisans d'un cinéma noir italien extrêmement violent. Parmi ceux-ci, Fernando Di Leo dont on retrouve la trace – comme scénariste – au générique du diptyque de Sergio Leone Pour une poignée de dollars/Et pour quelques dollars de plus…
A l'aube des années 1970, alors que la société italienne est en crise et connaît ses «années de plomb», Fernando Di Leo signe une trilogie qui va révolutionner le genre dans son pays natal. Celle-ci débute par Milan calibre 9 (1971) qui voit Ugo Piazza, malfrat notoire, sortir de prison après avoir purgé sa peine. Son ancien complice, Rocco, un dangereux homme de main au service de «l’Américain», lui rafraîchit la mémoire : une somme importante a été dérobée avant son incarcération et Ugo était le dernier à avoir accès au magot… Refusant toute idéalisation de la figure du gangster, le cinéaste plonge dans les bas-fonds de Milan pour brosser le portrait d'une société fracturée par les inégalités sociales.
Fernando Di Leo réalise ensuite Passeport pour deux tueurs (1972) où il filme l'affrontement entre les mafias new-yorkaise et milanaise après qu'une cargaison de drogue envoyée en Italie ait été volée. Le parrain américain, Corso, décide d’employer la manière forte. Il envoie en Italie Dave Catania et Frank Webster, deux redoutables tueurs à gages afin de faire le ménage… Ponctué par une sidérante course-poursuite, ce film violent et sombre suit les pas d'un effrayant duo de tueurs dont s'inspirera Quentin Tarantino pour créer le sien avec les mémorables John Travolta et Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction.
Enfin, Le Boss (1973) suit les pas de Nick Lanzetta, homme de main de Don Giuseppe Daniello, qui profite que la famille ennemie soit réunie dans un cinéma pour la décimer dans un déluge de feu. Un événement qui s'avère être le détonateur d’une flambée de violence entre les deux familles… Classés par Quentin Tarantino, expert en la matière, parmi les «meilleurs thrillers italiens de tous les temps», ces films déclinent avec maestria la spirale infernale de la violence dans l'Italie d'alors. Une plongée unique dans les arcanes de la pègre transalpine magnifiée par un redoutable sens du cadre et de la narration.
Elephant Films.