Série été "Au fil de l'eau"
Le Domaine du Val s’enrichit d’une réserve
Érigé il y a presque 20 ans, le Domaine du Val était essentiellement constitué de 30 chalets de tourisme sur pilotis. Xavier Mennesson, son gérant, vient d’acquérir 25 hectares de réserve situés en contrebas ayant appartenu à ses parents. Il entend les préserver tout en permettant à ses clients d’en profiter.
Xavier Mennesson, le gérant du Domaine du val à Grand-Laviers, a déjà démontré à quel point il ne faisait pas les choses comme les autres professionnels du tourisme. Résolument engagé dans le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises depuis de longues années, il vient de franchir un nouveau cap. En 2005, il a ouvert une résidence éco-responsable de 30 chalets construits sur pilotis à flanc de coteau sur trois hectares de l’ancienne exploitation agricole familiale. « Ne pas recourir à faire du terrassement, faire construire des chalets en ossature bois et bénéficier d’un assainissement autonome, c’était juste du bon sens », estime-t-il.
Au fil du temps, il a gardé son orientation. En 2013, le Domaine du Val a été la première résidence de tourisme en France à obtenir le label RSE Lucie. Aujourd’hui, il invite ses clients à picorer dans le jardin potage. Le miel de la ruche du domaine est proposé au petit déjeuner. Panneaux solaires et pompes à chaleur assurent sobriété énergétique. Et, depuis quelques semaines, dépliant à la main, ils sont invités à parcourir un circuit matérialisé par le broyage de l’herbe. Balisé de 3,2 km, soit une heure de promenade, il a été pensé dans la nouvelle réserve de 25 hectares qui jouxte le Domaine du Val et promet une expérience inoubliable.
Ces 25 hectares, Xavier Mennesson y est personnellement attaché et pour cause : « Dans les années 1950 mes parents exploitaient cet espace qui se développait sur 70 hectares, confie-t-il ému. Les vaches de race Normande produisaient un lait vendu en circuit court dans les magasins environnants. Les crises agricoles des années 1980 ont contraint la famille à céder les terres qui ont été transformées en golf. Il a fermé ses portes en 2019. Par la suite, je suis allé voir le propriétaire afin de voir s’il était vendeur. »
Préserver, éduquer et enchanter
Il a ainsi pu acquérir 25 hectares arborés, riches de bosquets, de pâtures, d’un plan d’eau. Mais restait l’essentiel : qu’en faire ? « Je pouvais y implanter des tentes camping à la mode, mais je n’ai pas fait ce choix, développe-t-il. Cet endroit était mon terrain de jeux lorsque j’étais enfant. Désormais, c’est un écrin, un havre de paix pour la faune et la flore. Nous offrons à nos enfants un formidable terrain d’apprentissage de la nature pour une sensibilisation précoce à l’environnement. L’essence de la réserve réside dans la recherche d’un juste équilibre entre l’accueil bienveillant de nos résidents et la préservation irréprochable de ce sanctuaire écologique. »
Pour Xavier Mennesson, c’est de cet équilibre fragile que dépend la pérennité de son joyau. Pour se donner toutes les chances de réussir, il s’est tourné vers le conservatoire des espaces naturels des Hauts-de-France. « J’ai signé une convention avec eux, informe-t-il. Nous sommes dans une phase d’évaluation. Je sais déjà que la réserve abrite plusieurs variétés d’orchidées, dont certaines rares, ainsi que des animaux dans les zones humides. Il y a aussi le magnifique lys des marais qui fleurit jaune en avril/mai. En fin d’année, ils vont me dresser des conseils d’exploitation, comme par exemple pour la gestion de la ressource en herbe. Cette année, un marchand de bestiaux a fait du foin dedans. L’ambition repose sur trois mots : préserver, éduquer et enchanter. »
Des outils pédagogiques seront aussi mis en place à destination des 5 à 6 000 clients annuels. Ils pourront donc à loisir parcourir ce poumon de biodiversité. Plusieurs fois par an, Xavier Mennesson devrait permettre au grand public de s’y promener lors notamment d’événements comme la fête de la nature. Il espère également pouvoir nouer des partenariats en cohérence avec ce projet cher à son cœur. Cela pourrait se concrétiser par des mécénats noués avec des entreprises locales. En attendant, il profite avec joie des commentaires de ses clients. « Ils évoquent une balade bucolique et paysagère hors du temps. Ils sont à la fois ravis et surpris », conclut-il.