En dépit d’une amélioration, l’activité des TPE continue de baisser en 2015
En deçà des tendances macroéconomiques, avec un taux de croissance du PIB de 1,2% en 2015, d’après l’Insee, les TPE ont connu une année difficile, avec un indice moyen d’activité qui continue de diminuer (-1,7%), même si en moindre mesure, par rapport à l’année précédente, constate l’Observatoire de la petite entreprise.
Pour les TPE, « la situation économique reste globalement fragile, même si elle s’est améliorée », synthétise Yves Marmont, président de la Fédération des centres de gestion agréés (FCGA). Et ses prévisions pour 2016, au vu des premiers résultats, demeurent très modérées… C’était le 20 avril, à Paris, lors de la conférence de presse de présentation du bilan de l’activité des TPE en 2015 et des premières tendances 2016, de l’Observatoire de la petite entreprise, qui émane de la FCGA et du réseau Banque Populaire. L’étude a été réalisée à partir du chiffre d’affaires d’un échantillon de 17 000 petites entreprises, affiliées à l’un des centres de la FCGA. Globalement, l’indice moyen d’activité des TPE en France a baissé de 1,7% en 2015. La tendance demeure donc toujours négative, même si elle constitue une amélioration par rapport à 2014 (-3,2%), d’après la FCGA. Partant, sur les 56 professions œuvrant dans les 12 secteurs examinés par l’Observatoire, peu tirent leur épingle du jeu. Sur les douze secteurs, sept améliorent relativement leur prestation, cinq voient leur situation empirer, mais aucun de connaît de croissance positive. Les évolutions de l’indice moyen d’activité vont de -0,2 à -3,4%. Pourtant, certaines professions spécifiques s’en tirent bien. C’est le cas, notamment, dans le secteur de l’alimentaire, qui connaît une tendance globalement négative (-0,8 %), mais qui concentre le plus de métiers dont l’évolution est positive. « Le secteur est relativement préservé tous les ans. Son évolution est assez linéaire (…). Les petits commerçants tirent leur épingle du jeu. Dans le commerce alimentaire, on propose de la proximité, des conseils, des produits en relation avec ce que cherche le consommateur », analyse Yves Marmont. Ainsi, les vendeurs de vins et spiritueux, fruits et légumes, la poissonnerie et la crémerie connaissent des croissances positives, à l’inverse des boulangers, de l’alimentation générale et des bouchers-charcutiers.
Studios photos et libraires-papeterie en crise Parmi les secteurs qui améliorent relativement leur prestation, même si la tendance reste négative, figurent l’équipement de la maison (-0,2%), les services (-0,4%), les cafés, hôtels et restaurants (-0,8%), les entreprises de parcs et jardins (-1,6%), l’équipement de la personne (-3,4%) et l’artisanat du bâtiment. Dans ce secteur, « la tendance est toujours à la baisse, mais c’est nettement mieux qu’un an plus tôt », commente Yves Marmont. En 2014, l’activité y avait diminué de 7,5%. La chute semble donc enrayée avec un taux de -2,7% en 2015, même si les évolutions demeurent très variables en fonction des métiers. Au mieux, la maçonnerie s’en tire avec -1,8%, quand elle avait connu une baisse de -7,8%, l’année précédente. Au pire, l’activité des professionnels du carrelage-faïence chute de 5,2%, poursuivant la dégringolade de 12,1%, en 2014. A contrario, les cinq secteurs dont le chiffre d’affaires recule sont la vente, réparation et carrosserie automobile (-2,8%), les transports (-2,6%), la culture et les loisirs (-2,1%), le commerce de détail alimentaire (-0,8%) et la beauté esthétique (-0,4%). Dans ces secteurs, parmi les métiers qui connaissent des chutes record d’activité, figurent les studios photo (-7,8%), les librairies-papeterie presse (-4,3%), le prêt-à-porter (-3,9%), ou encore la vente et réparation d’automobiles (-3,1%), notamment en raison des forfaits proposés par les constructeurs qui incluent l’entretien du véhicule durant les premières années, sans que les consommateurs ne soient au courant du fait qu’ils conservent le libre choix du réparateur. En revanche, quelques professions s’en sortent bien, comme les entrepreneurs en pompes funèbres, les agences immobilières dont l’activité connaît un bond de 3,4%, après -9,7% un an plus tôt. Le meuble, lui, croît de 3,7%, après une chute de 7% de son activité, en 2014.
2016 ne sera pas flamboyante Cette année 2015 aux résultats mitigés, et les premiers indices de l’activité en 2016, conduisent les observateurs de la FCGA à la prudence dans leurs prévisions pour l’année en cours. Dans le bâtiment, d’après la Capeb, qui représente l’artisanat et les petites entreprises du secteur, citée par l’Observatoire, la baisse est certes enrayée, mais il est encore trop tôt pour parler de reprise. De même, dans le commerce de détail alimentaire, les prévisions de l’Observatoire pour 2016 restent pour l’essentiel stables, quel que soit le métier. Tendance identique prévue pour l’équipement de la personne et de la maison, même si, en raison de l’Euro 2016 de football, les professionnels de l’électroménager TV-hifi pourraient voir leur activité reprendre, après -2,7 %, l’an dernier. Bref, en 2016, en dépit des facteurs macroéconomiques favorables, comme le bas prix du pétrole et les disponibilités financières permises par la politique monétaire européenne, « la situation reste encore bancale, surtout pour la TPE qui est très réactive, mais qui ne voit pas forcément évoluer son marché, lequel reste un micromarché », analyse Yves Marmont. De fait, déjà, les évolutions des TPE ne se calquent pas nécessairement sur les grandes tendances macroéconomiques. « L’Insee explique que le moteur de la croissance réside dans la consommation des ménages. Mais on ne l’observe pas forcément dans le cas des TPE (…). Il s’agit d’une économie de proximité dont les mécanismes ne sont pas toujours identifiés par les grands indicateurs classiques », décrypte Nasser Negrouche, en charge de l’Observatoire. Et c’est une multitude de facteurs qui pèsent, liés à la plus ou moins bonne santé d’un secteur, une concentration en son sein, mais également aux logiques de territoires. Au niveau régional, en 2015, la FCGA note des niveaux d’activité qui vont de 0 à 3% environ, avec -2,1% en Île-deFrance, -2,7% en Haute-Normandie, et 0 en Pays-de-Loire.
Anne DAUBRÉE