Polars venus du froid
Depuis plus de 15 ans et la découverte de Stieg Larsson, la Scandinavie est devenue une carte majeure sur l'atlas mondial des thrillers et polars. Brève sélection pour cette fin d'année.
L'Homme-miroir
Roman d'une noirceur insondable, L'Homme-miroir s'ouvre alors qu'une écolière se fait brutalement enlever et se retrouve, avec d’autres filles, dans une ancienne ferme d’élevage de visons perdue dans une forêt truffée de pièges à loup. Elles sont bien gardées : grand-mère est là pour veiller sur elles. Et elle n’hésite pas à sortir la scie pour les empêcher de s’égarer. Cinq ans plus tard, le corps d’une jeune fille est retrouvé pendu sur une aire de jeux dans le centre de Stockholm. Quand le seul témoin potentiel s’avère être dans l’incapacité de les aider – souffrant lui-même de graves troubles psychiatriques – Joona Linna décide de faire appel à son vieil ami, l’hypnotiseur Érik Maria Bark... Grâce à un récit d'une parfaite maîtrise, un rythme percutant et une atmosphère terriblement inquiétante, le duo de choc suédois Lars Kepler signe un nouveau polar d'une redoutable efficacité.
L'Homme-miroir de Lars Kepler (Éditions Actes Sud – Traduit du suédois par Lena Grumbach).
Trompe-l'oeil
Après Fleur de cadavre, prix de la révélation du polar danois 2017, cette nouvelle enquête d’Héloïse Kaldan et d’Érik Schäfer se déroule à Copenhague alors que Lukas, un écolier, a disparu. Pour tout indice : le profil Instagram du garçon, qui révèle sa passion pour la paréidolie, un phénomène qui donne l’impression de distinguer des visages sur des objets. Et cette photo, récurrente : la porte d’une grange. Qui Lukas y a-t-il vu? La photo permettra-t-elle de retrouver sa trace ? La journaliste Héloïse Kaldan et l’inspecteur Érik Schäfer remontent une piste aussi difficile qu’effroyable. Un thriller psychologique subtil et haletant autour des thèmes de la vengeance et des blessures émotionnelles.
Trompe-l'oeil d'Anne Mette Hancock (Éditions Albin Michel – Traduit du danois par Caroline Berg).
Le Serment
Grand Prix du meilleur polar finlandais en 2020, Le Serment se déroule sous les auspices d'une scène de crime avec un cadavre lardé de coups de couteaux, un suspect errant les mains ensanglantées à l’orée d’un bois et l’inspecteur chargé de l’enquête. Trois hommes qui se connaissaient ; trois hommes qui ne s’étaient pas revus depuis vingt-sept ans. Dans les prairies sauvages de Finlande ressurgissent les souvenirs d’une enfance féroce, les traumatismes du passé. Entre les courses à vélo et les vengeances à la sortie de l’école, un pacte de sang a été scellé. Un serment qui se rappellera à eux trois décennies plus tard... Dans la belle lignée des auteurs américains Ron Rash et Dennis Lehane, Arttu Tuominen signe un roman noir puissant, hanté par les conflits entre morale et poids du secret. Une plongée ténébreuse dans une Finlande rugueuse où la transmission de la violence s'enchaîne comme dans une tragédie antique.
Le Serment d'Arttu Tuominen (Éditions de La Martinière – Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail).
Eaux sombres
Découverte avec Les âmes englouties, Susanne Jansson est décédée brutalement en 2019 peu après avoir achevé son second roman. Celui-ci se déroule sur une île isolée, au large des côtes suédoises, alors que Martin, Alexandra et leurs deux enfants, Adam et Nelly, viennent d’emménager dans la maison de famille. Un matin, alors qu’ils descendent sur la plage, Adam échappe à la vigilance de son père, ne laissant derrière lui qu’un seau rouge et une botte. Malgré l’absence de corps et les menaces reçues par Martin peu de temps auparavant, la police conclut à une noyade. Dévasté par le chagrin et la culpabilité, le jeune père plonge dans une profonde dépression et s’isole même de ses proches. Seule Maya, une photographe quinquagénaire fraîchement débarquée sur l’île, s’obstine à lui rendre visite. Ensemble, ils découvrent que les anciens propriétaires de la maison se sont noyés au même endroit à des années d’intervalle… Un thriller psychologique envoutant et sombre à l'écriture fluide et poétique.
Eaux sombres de Susanne Jansson (Éditions Presses de la Cité – Traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy).