Entretien avec Catherine Quignon
Montdidier, au plus proche de ses habitants
Au Sud de la Somme, à mi-chemin entre Amiens et Compiègne, Montdidier est l'une des trois sous-préfectures du département. Elle se caractérise d'ailleurs par sa vocation administrative où les Montdidériens ont accès à bon nombre de services. « Le service à la population », c'est le maître-mot de Catherine Quignon, maire de la ville mais aussi conseillère générale puis départementale de 1998 à 2015, et actuellement conseillère régionale des Hauts-de-France depuis 2021.
Picardie La Gazette : Catherine Quignon, comment
définissez-vous Montdidier, la ville que vous administrez ?
Catherine Quignon : Montdidier est plus une cité
administrative qu'industrielle. C'est une sous-préfecture, elle est
le chef-lieu de l'arrondissement et elle abrite le siège de la
communauté de communes du Grand Roye. La ville offre dans le même
temps beaucoup de services, avec son hôpital de proximité, son
lycée classique et son lycée professionnel, sa Maison France
Services, sa gare, et encore son cinéma par exemple.
La dynamique du territoire passe ici
par ses services ?
C'est en effet une zone d'emplois
administratifs, les emplois industriels sont plus nombreux à Roye.
L'activité économique se fait surtout autour des nombreux
commerçants et des artisans. Mais preuve que la dynamique existe,
avec ses 6 100 habitants, Montdidier n'a pas perdu d'habitants au
dernier recensement et reste la commune la plus peuplée de
l'arrondissement. L'attractivité des services et des commerces
explique cela.
Vous avez également déclaré
vouloir faire de Montdidier la commune pilote dans le domaine des
énergies renouvelables ?
Montdidier est reconnue pour avoir
inauguré en 2011 le premier parc éolien public de France, en
prenant en charge la gestion de ses 4 éoliennes qui produisent
l'équivalent de 50 % de la consommation électrique de la commune.
De même, la ville a aussi son activité industrielle implantée sur
la zone de la Roseraie, où se développent en particulier l'usine
SIMOP, spécialisée dans le recyclage de l'eau, et Hoayi, un acteur
clé dans le traitement et la valorisation des déchets industriels.
Il y a là un vrai développement sur lequel il faut tabler et dont
on reparlera avec force dans quelques années.
"Le soutien aux commerçants et aux petites entreprises est une priorité"
Vous avez connu deux périodes de
mandatures à la tête de la ville, une première de 2001 à 2014 et
une deuxième en cours depuis 2020. Quelles évolutions avez-vous
perçues ?
La première période s'est déroulée
dans un contexte hors crise, si on excepte 2007 / 2008, un contexte
plus facile et un schéma environnemental très différent. Pour
cette deuxième période à partir de 2020, la crise du covid a tout
changé. Tous les équilibres ont été bouleversés, les modes de
consommations inversés comme l'essor des achats par internet. J'ai
vu le désarroi des commerçants, des artisans, des TPE – PME,
j'avoue que je suis encore inquiète pour l'avenir.
Quel rôle la municipalité
peut-elle jouer pour tenter de rétablir l'équilibre ?
Le soutien aux commerçants et aux
petites entreprises est une priorité, le conseil municipal de
Montdidier prend les mesures et les délibérations dans ce sens. La
Ville propose notamment des bons d'achat de 10 à 100 € par foyer
fiscal à dépenser chez les commerçants partenaires, un autre
chèque de 20 € pour les plus de 65 ans chez les restaurateurs
locaux pour les soutenir. Cette dernière action remplace en fait le
repas des anciens qui s'est arrêté depuis le covid. De la même
façon, nous testons le chèque de 5 € du 1er au 31 janvier, en
faveur des boulangers pour la galette des rois.
Dans une autre démarche, un bail
commercial vacant devra par exemple rester commercial et non remis en
habitation, le propriétaire devra aussi revoir son prix à la baisse
si c'est nécessaire, toutes les nouvelles hypothèses sont bonnes à
étudier.
Vos actions bénéficient en même
temps au pouvoir d'achat des Montdidériens, c'est la politique
sociale qui caractérise la ville ?
C'est notre volonté politique de
municipalisation des services, notre principe de la redistribution
aux tarifs les plus bas pour la population. Notre cinéma fonctionne
toujours en régie municipale par exemple. Nous présentons 5 à 6
films par semaine, dont 2 sorties nationales, pour un ticket d'entrée
à 5 €. C'est le moins cher du département, et pourtant notre
cinéma municipal n'est pas déficitaire car nous n'avons pas
l'objectif de se faire un trésor de guerre. A partir de là, je peux
vous citer d'autres exemples : notre piscine municipale est la
moins chère du département, notre cantine scolaire est la moins
chère du département, notre garderie à 70 centimes est la moins
chère du département...
Pour revenir à la cantine, les cuisinières
préparent elles-mêmes les repas, c'est le type d'initiatives qui
font qu'elles aiment s'investir pour la commune. Avec une garderie
moins chère par ailleurs, c'est le choix que nous donnons aux femmes
de pouvoir exercer leur travail, de se mettre à temps partiel ou
d'arrêter grâce à ce service municipal. C'est aussi pour tout cela
que Montdidier conserve ses habitants.
Montdidier en chiffres
6 100 habitants
3 203 logements dont 2 788 résidences principales, 57 secondaires et 358 vacants
12,5 % d'emménagements depuis moins de 2 ans, 23,1 % depuis 30 ans ou plus
72,3 % d'actifs (de 15 à 64 ans) dont 14,5 % sans emploi
7,7 % d'étudiants et 7,6 % de retraités
13,5 € de salaire net horaire moyen (12,5 € pour les femmes, 14,1 € pour les hommes)
54 créations d'entreprises en 2022 (43 en 2021)
(Sources Insee 2021 et 2022)
Le berceau de Parmentier
Antoine Augustin Parmentier, l'homme qui a propagé la culture et la consommation de la pomme de terre dans l'alimentation humaine, est la figure emblématique de Montdidier où il est né le 12 août 1737. Une première statue de Parmentier avait été érigée en 1848 avant d'être détruite, alors place de la Croix-Bleue, une deuxième inaugurée en 1931 et mesurant plus de 2,50 m de haut, trône toujours sur l'actuelle place Parmentier bien sûr. Mort le 17 décembre 1813 à Paris, il est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Hôpital : un nouveau bâtiment et des lits supplémentaires en 2027
L'Agence régionale de santé des Hauts-de-France (ARS) a annoncé en octobre l'aide de 11 M€ pour construire un nouveau bâtiment au centre hospitalier intercommunal de Montdidier – Roye. Construit sur le site de Montdidier, il permettra d'accueillir 50 lits supplémentaires dont certains sont déjà dans un préfabriqué, avec une possibilité de 10 autres lits si besoin. Ce nouveau bâtiment est attendu pour 2027, son coût total est estimé à 15,7 M€.
L'ARS communique : « Ces travaux constitueront la première étape du schéma de réorganisation global de l’hôpital prévoyant également l’extension de l’imagerie, la construction d’un nouvel espace d’accueil et d’orientation, l’extension du laboratoire de biologie ainsi que des consultations externes et la rénovation de l’institut de formation. »