Les experts-comptables, entre retard et digitalisation
Les cabinets d’expertise-comptable de Picardie-Ardennes accompagnent plus que jamais les entrepreneurs dans la crise sanitaire actuelle et la crise économique qui en découle. Malgré la forte mobilisation de la profession et la nécessité pour les cabinets de travailler avec des équipes réduites, au même titre que toutes les autres entreprises, le confinement, la distanciation sociale et les arrêts brutaux de l’activité de certaines entreprises posent un problème pour la profession : le retard accumulé qu'il sera difficile de rattraper dans l'immédiat.
L’Ordre des experts-comptables Picardie-Ardennes est toujours « sur le pied de guerre », résume Pierre Giroux, président de l’Ordre des experts-comptables Picardie-Ardennes. Avec 420 experts-comptables et 3 000 collaborateurs en Picardie-Ardennes, les professionnels sont mobilisés pour répondre aux questions des entreprises mais aussi pour trouver des solutions pour ses propres métiers.
Présent dans le paysage économique et actif dans la gestion de la crise, l’Ordre des experts-comptables participe aux négociations avec le Gouvernement, aux côtés des autres acteurs économiques. « Nous sommes là pour faire remonter les problèmes rencontrés sur le terrain, expose Pierre Giroux. Et nous essayons de répondre au mieux aux chefs d’entreprise qui ont du mal à comprendre les mesures qui changent au fur et à mesure. Par exemple pour le Fonds de solidarité, des conditions ont été changées par l’Administration et des entrepreneurs découvrent qu’ils ne sont finalement plus éligibles. Et puis, entre l’annonce politique et la réalité du terrain et l’application en local, il y a un déphasage. Les mesures sont bonnes mais il faut une bonne mise en place. L’idée est d’instaurer des règles et ne pas les changer tout le temps. Il faut plus de clarté dans les mesures. »
Un problème de retard
Depuis le début de la crise, l’Ordre de Picardie-Ardennes est à l’écoute des dirigeants et de ses collaborateurs. Cette crise a impacté la façon de travailler, ce qui a pour principale conséquence, le retard. Surcroît de travail, baisse de la productivité à cause des fermetures des entreprises et une circulation difficile des documents dans un contexte de confinement et de distanciation sociale, l’Ordre des experts-comptables demande à l’État « une souplesse dans les délais ». Pierre Giroux est convaincu : « Si nous sortons par exemple du confinement mi-mai, il sera difficile de rendre des comptes pour fin mai. »
Ce retard est inévitable malgré la digitalisation des méthodes de travail. La mise en place de moyens de communication modernes transforme la manière de travailler entre les collaborateurs d’un cabinet d’expertise-comptable ou entre les collaborateurs et leurs clients. La profession en a conscience et tend à faire évoluer ses métiers. « Nous allons dans ce sens, nous n’aurons de toute façon pas le choix, confie Pierre Giroux. La dématérialisation des pièces comptables, l’automatisation de la saisie des données en matière de dépenses, de revenus, d’écritures d’inventaires et autre, oui, c’est indéniable. Par ailleurs, notre métier est aussi de rencontrer les entreprises et nous ne pourrons pas digitaliser notre métier à 100% mais nous changerons nos pratiques avec le numérique. »
« L’objectif est d’être le plus réactif possible en cette période de crise même si nous recevons plusieurs centaines de mailS par jour »
Cette utilisation de ces outils de digitalisation passe notamment par l’intelligence artificielle qui facilite les métiers de l’expertise-comptable avec l’automatisation des outils comptables. Elle permet par exemple aux logiciels comptables de reconnaître automatiquement les documents, tels que les notes de frais, les factures fournisseurs ou les mentions clés sur les factures (date, nom du fournisseur, montant, type de dépense, etc.). Une façon de travailler qui sera d’actualité au moment de la fusion des deux Conseils Ordinaux en Hauts-de-France – Picardie-Ardennes et Lille Nord-Pas-de-Calais – prévue pour janvier 2021.
Des entreprises inquiètes
Pour aider les entreprises, l’Ordre de Lille Nord-Pas-de-Calais et l’Ordre de Picardie-Ardennes ont lancé une assistance gratuite pour répondre aux questions des entrepreneurs qui ne sont pas accompagnés par un expert-comptable pour leur proposer des solutions de simplification des démarches.* « L’objectif est d’être le plus réactif possible en cette période de crise même si nous recevons plusieurs centaines de mails par jour », confie Pierre Giroux.
Parmi toutes ces demandes, trois sujets sont récurrents : les conditions de l’activité partielle, les modalités du Fonds de solidarité et les demandes pour le Prêt garanti par l’État. Concernant ce dernier, les demandes sont en cours d’instruction même si Pierre Giroux reste dubitatif : « Les demandes de prêts de trésorerie seront difficiles pour les entreprises les plus en difficulté. Les prêts ne seront accordés qu’aux entreprises qui peuvent rebondir plus facilement », regrette-il. Du côté de la TVA, « les entreprises ne sont pas démesurément en retard pour le mois de mars même si l’Oise est le département le plus touché. Le mois d’avril risque d’être plus difficile car des entreprises enregistreront zéro euro de chiffre d’affaires », note Pierre Giroux.
*sos-covid19@oec-hdf.fr.
“Appelle un expert”: la plate-forme nationale
L’opération citoyenne de l’Ordre des experts-comptables “Appelle un expert” est prolongée pour les chefs d’entreprise isolés et indépendants. Déployé depuis le 25 mars, ce dispositif renseigne sur toute la France les indépendants ou entreprises qui ne sont pas accompagnés par un expert-comptable. Les entreprises peuvent contacter un professionnel tous les jours au 0 8000 65432 ou se renseigner sur le site web dédié Appelleunexpert.fr.