Le Ciné Saint-Leu rouvre ses portes
Depuis le 22 juin le Ciné Saint-Leu, salle amiénoise d’art et d’essai d’une capacité de 250 places, a rouvert ses portes. Si les pertes dues au confinement ont été pratiquement compensées par le chômage partiel et le fonds d’urgence, l’équipe n’a que peu de visibilité sur les mois qui viennent.
« On sentait bien quelque chose monter puisque pendant quelques jours notre jauge maximale était de 100 spectateurs, mais la fermeture administrative du cinéma a entraîné une sorte de sidération collective », confesse Boris Thomas, directeur du Ciné Saint-Leu. Si l’équipe de neuf personnes a été placée en chômage partiel et la salle mise en sommeil, le lien avec les spectateurs n’a pas été tout à fait rompu puisque des partenariats ont très vite été noués avec les plates-formes de vidéos à la demande indépendantes Mubi et la Toile. « Toutes deux proposent majoritairement des films d’auteurs, dont certains ont été projetés ces derniers mois ou passaient chez nous au moment du confinement. La Toile nous a offert la possibilité d’avoir notre page et de faire notre propre éditorialisation de son catalogue, cela nous a donné l’impression de ne pas fermer complètement », poursuit-il.
Une réouverture précipitée
Depuis la mi-mai, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) travaillait sur une réouverture des salles entre le 1er et le 15 juillet. Ce sera finalement le 22 juin. En urgence, les salariés du Ciné Saint-Leu ont donc été formés aux nouvelles dispositions sanitaires, la caisse équipée d’une protection supplémentaire, la signalétique à destination des spectateurs adaptée et le système d’aération de la salle entièrement révisé. « La veille de la réouverture, on nous a annoncés quelques changements. Il n’y avait plus de limite sur l’accueil du public, mais il fallait notamment conserver le fauteuil d’écart et le port du masque n’était plus recommandé mais obligatoire dans les zones de passage à partir de 11 ans », détaille Boris Thomas.
“la fermeture administrative du cinéma a entraîné une sorte de sidération collective”
Incertitudes sur la rentrée
Si les spectateurs sont de retour, l’équipe du Ciné Saint-Leu a bien conscience que la saison estivale est traditionnellement calme pour les salles obscures et qu’il faudra attendre la rentrée pour avoir une réelle indication sur la tendance de fréquentation. C’est pourtant dès à présent que se joue l’avenir de la salle d’art et d’essai. « Nous n’avons plus recours au chômage partiel pour les salariés mais nous ne savons pas encore si le public va revenir au même niveau que d’habitude », pointe-t-il.
Autre sujet d’inquiétude, l’avenir des dispositifs “École au cinéma” et “Collège au cinéma” que le Ciné Saint-Leu, en partenariat avec l’Éducation nationale, coordonne dans le département de la Somme. « L’accueil des scolaires est très important pour nous, l’un de nos salariés est même dédié à cette activité. Pour l’instant nous ne savons pas si l’on pourra reprendre comme prévu fin septembre, la situation nous inquiète beaucoup », confie Boris Thomas dont la salle dépend pour moitié de la billetterie et pour l’autre d’aides publiques. « Ce qui nous rassure c’est que l’on sent une envie de cinéma », conclut-il.