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Le canal Seine-Nord Europe renforcera la filière maritime au nord et à l'ouest

Le canal Seine-Nord Europe renforcera la filière maritime au nord et à l'ouest

Après l’accord sur le protocole de financement en novembre dernier, le projet du canal Seine-Nord Europe est entré dans une phase d’irréversibilité. Il apparaît comme l’un des rares grands projets à disposer aujourd’hui d’un plan de financement établi, partagé et confirmé. L’association Seine-Nord Europe peut ainsi ouvrir la phase de préparation du chantier. Le Club des villes et EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) a vocation de réunir les collectivités situées sur la zone d’effet du projet.

La Société du canal SeineNord Europe a donc été mise en place, présidée par Rémi Pauvros. « On y distingue trois instances importantes : le conseil de surveillance, un directoire et un comité stratégique des territoires traversés », a détaillé Jérôme Dezobry, membre du directoire, lors d’une réunion du Club des villes et EPCI à Compiègne. Noyon, Compiègne, Cambrai, Arras et Amiens se sont proposées pour accueillir le nouveau siège (Compiègne et Cambrai étant même prêtes à faire candidature commune).

Des contrats en trois étapes

En avril 2017, le décret de notification de maîtrise d’œuvre permet le lancement des travaux « avec notamment la plantation d’arbres effectuée avant d’en enlever », précise Jérôme Dezobry. Les premiers contrats territoriaux de développement (CTD) sont en cours de finalisation par les intercommunalités. Ces contrats, signés par l’État, la Région, les départements et les communautés de communes ou d’agglomération, se veulent un outil souple de programmation des aménagements et du chantier, adaptables aux réalités de chaque territoire. Ils se décomposent en trois phases : l’aménagement en bord à canal afin d’harmoniser cartes et propositions, le développement économique (pendant et après le chantier), pour fixer des jalons avec les EPCI en termes de main-d’œuvre (formation aux métiers spécifiques du canal, plannings, autorisations) et enfin l’organisation du chantier. « Ces contrats doivent permettre le dialogue entre les différents acteurs locaux qui pourront s’approprier le projet », ajoutait Jérôme Dezobry.

Un lobby interrégional commun

Laurent Degroote, président du Ceser Hauts-de-France (Conseil économique, social et environnemental régional), est revenu sur l’importance des relations entre les territoires, les ports intérieurs et les plates-formes multimodales : « Il s’agit d’un objectif collectif autour des enjeux de la voie fluviale, un projet global entre la Seine et le canal Seine-Nord Europe, notamment par la sortie au Havre. » La voie maritime repré- sente 80 à 90% du transport mondial, il est donc primordial d’établir une véritable stratégie économique entre tous les acteurs locaux. « Le canal Seine-Nord Europe présente une véritable opportunité pour l’avenir de la chimie, du biosourcing… pour la région Hauts-de-France, premier réseau agricole de France », a rappelé Laurent Degroote.

Importance des ports maritimes

Afin de signifier le rôle majeur que doivent jouer les ports maritimes dans ce projet, Stéphane Raison, président du directoire du grand port maritime de Dunkerque et vice-président de Norlink Port, a donné quelques chiffres : le volume traité par les ports européens est de 3,7 millions de tonnes, la France ne représente que 360 000 tonnes ; 80 millions de conteneurs transitent en Europe, cinq millions pour les ports français. La valeur ajoutée du port d’Anvers est de 210 millions d’euros, elle a généré 200 000 emplois ; Dunkerque, 3,8 millions d’euros pour 23 700 emplois. Norlink Port Hauts-de-France a donc pour objectif de relancer les ports français grâce à une coopération régionale renforcée. Les villes de Dunkerque, Calais et Boulognesur-Mer représentent 91 millions de tonnes. D’importants travaux sont en cours de réalisation, à Calais notamment, afin d’améliorer la fiabilité, la compétitivité, et visent à promouvoir le schéma de transport entre les ports maritimes. « Il faut donc créer des liens dès maintenant et penser d’abord aux ports français avant de penser à ceux du Nord », assurrait Stéphane Raison.