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Culture

Laon : une rétrospective d'Epsylon Point, pionnier du street art

La Ville de Laon consacre une exposition rétrospective du travail d'Epsylon Point de 1981 à 2024. L'artiste accueilli en résidence dans la ville-préfecture est un précurseur des arts urbains, pionnier du pochoir en couleur dès 1983. Son travail engagé, abstrait et coloré s'expose à la Maison d'Arts et Loisirs ainsi qu'au Cloître Saint-Martin jusqu'au 31 octobre prochain.

Epsylon Point un street artiste aux fresques colorées, à découvrir.
Epsylon Point un street artiste aux fresques colorées, à découvrir.

Sourcils et barbe recouvertes de peinture rose, sourire innocent d'un enfant, Epsylon Point est un personnage haut en couleur. Ce soir de fin septembre, il inaugure une exposition rétrospective que lui consacre la Ville de Laon. À travers lui, c'est le street art qui est ainsi mis en avant. Il faut dire que Laon a créé il y a trois ans un festival des arts urbains faisant venir des dizaines de street artistes internationaux pour recouvrir les murs de la ville de grandes fresques colorées. Tout naturellement, Epsylon Point a participé à ce festival dont la direction artistique est assurée par C215 et c'est ainsi que son rapport avec Laon a débuté.

La condition humaine comme thématique

En parcourant l'exposition faites d’œuvres anciennes et plus récentes de l'artiste, on découvre quelques unes des thématiques de l'artiste : l'érotisme, les questions sociétales, les conflits mondiaux ou encore la musique. Avec à chaque fois ou presque l'envie de délivrer des messages par la même occasion. « J'ai fait pas mal de sujets sur le sexe, les ouvriers, les musiciens et les artistes de cirque et je connais bien la vie d'en bas parce que j'ai dormi dans la rue durant 5 ans », complète l'artiste. « Epsylon Point est resté dans la même ligne de conduite de ses débuts en 1979 jusqu'à aujourd'hui, il traite la condition humaine, commente Henri Trumer, son agent. Il traite parfois de sujets qui sont compliqués, engagés, politiques, vindicatifs mais il a une force exceptionnelle, c'est qu'avec sa couleur et sa palette chromatique, il arrive à faire passer tout ça. »

L'exposition est à découvrir à la MAL et au cloître Saint-Martin.


Dans une vidéo de présentation de son travail, installée au sein de l'exposition, on (re)découvre l'influence considérable qu'Epsylon Point a pu avoir sur des artistes comme C215 et Jef Aérosol qui le citent comme une référence. Il faut dire qu'il a été l'un des premiers à se lancer dans le domaine et à peindre à la bombe. « J'ai commencé à la bombe de peinture à main levée en 1979 puis j'ai utilisé des pochoirs industriels en 1983 avant de faire mes propres pochoirs en 1985, resitue l'artiste. Le street art, ça n'existait pas, c'était interdit mais ce que je faisais avec des images, était quand même mieux accepté que des tags. On était une cinquantaine de street artistes dans le monde à cette époque, maintenant nous sommes plusieurs milliers. »

Référence du street art

Sorti des Beaux arts de Dijon en 1979, Epsylon Point est d'abord performer et photographe puis commence à faire du graffiti dans les rues de Dijon et de Montpellier. « Il est pionnier sur 3 éléments : sur le street art en général parce qu'il arrive très tôt en 1979 avant les premiers pionniers des années 1980, sur le pochoir en couleur en 1983, et il est le premier à avoir introduit dans les œuvres de street art des phrases, des messages », rappelle son agent.

Si Epsylon Point a participé à de nombreuses expositions nationales et internationales, il n'avait pas encore eu droit à une rétrospective. C'est donc à Laon, ville d'adoption pour lui que celle-ci est proposée. « J'ai pu avoir grâce à la Ville et au maire Eric Delhaye qui est « branché » street art, une ancienne boutique pour en faire un atelier au beau milieu de la Cité médiévale, je loge à dix minutes à pied et je trouve que le Plateau est merveilleux, explique-t-il. Même quand les maisons de la vieille ville sont abîmées, je trouve que c'est très joli. »

L'exposition "Epsylon Point : rétrospective 1981/2024" est à retrouver jusqu'au 31 octobre dans deux lieux à Laon, ville haute : Salle de la station du cloître Saint-Martin (19 rue Marcelin Berthelot), du mercredi au samedi de 14h à 18h et Espace Bernard-Noël de la Maison des Arts et Loisirs (Place Aubry), du mardi au samedi de 13h à 17h30 et le samedi de 14h à 17h.

Epsylon Point s'est installé à Laon depuis plusieurs mois.