La véritable toile de Jouy aux Journées des métiers d'art à Amiens

Bleu de Cocagne est fière de célébrer cet anniversaire en 2025 car auparavant les toiles étaient imprimées sur des planches gravées et seule l'invention d'Alexandre Bonvalet permet une qualité et une finesse inégalées, sans raccord. En effet, Bleu de Cocagne imprime sur la SACM28, une machine unique de 25 tonnes, qui tourne maintenant avec la régularité d'une horloge, après 18 000 heures de soins apportés par ses bénévoles. Bleu de Cocagne a choisi le Ballon de Gonesse dont on distingue les motifs bien visibles, le rouleau mettant en valeur le moindre détail au 1/10° de millimètre prés. Le Ballon présente une sorte de reportage sur ces pionniers du vol, avec les personnages qui l'ont vécu, dans les paysages champêtres du XVIIIème siècle.

«Une restauration qui tombe à pic car la toile de Jouy reste tendance, on la trouve cette saison en chemise chez Caroll et toujours en veste ou en sous-vêtement féminin. Elle reste mythique, le couturier Christian Dior ne voulait qu'elle pour habiller ses salons et elle habille les murs de prestigieux établissements de luxe comme le Bristol à Paris et l'hôtel Barrière à Deauville », souligne Yves Benoit, président de l’association qui s'est passionné pour les impressions en relief à la fin des années 90, lors de la disparition de la Royère. Il a redécouvert un savoir-faire perdu, il a trouvé les dix colorants adaptés à l'usage des plaques parmi les 6 000 existants. Cette ré-appropriation du savoir faire lui a valut l'obtention du titre de Maître d'Art en Teinture en 2000. En 2010, il devient Meilleur Ouvrier de France avec une impression de velours avec une plaque au décor XVIIIème.

Bleu de Cocagne met en valeur de grands inventeurs amiénois

Bleu de Cocagne est une association 1901, née en 1997 à l'initiative de quatre industriels : les Cosserat, Saint, Malterre et Benoit, en lien avec la DRAC. Elle collecte, restaure et remet en service des machines textiles liées aux grands inventeurs amiénois après Alexandre Bonvalet, comme Adrien Delarche et la tonte mécanisée des draps et des velours en 1784 et toujours utilisée dans les grands espaces comme les hippodromes, ou encore Raymond Dewas avec le métier à tisser sans navette, en 1934. Une invention adoptée dans le monde entier.

«Nous avons aussi Saint Frères et le métier à tisser circulaire pour le jute, en 1950, adopté pour toutes les étoffes. En 28 ans, Bleu de Cocagne est passée d'une simple collecte d'objets à un conservatoire reconnu, dont 80% des machines sont protégées par la DRAC, au titre de monuments historiques. Outre les machines, elle dispose de catalogues, archives, documents liés au monde du textile qui a assuré la réputation de la ville et l'emploi durant des siècles». L’association est reconnue au plan national par des distinctions officielles comme le premier prix CARSAT pour les Hauts de France, le premier prix Hauts-de-France et deuxième prix national pour le concours "Le plus grand musée de France" avec 3 300 votes, ainsi que la Médaille d'or de la Renaissance française et le Care d’or remis en décembre 2024 aux grandes écuries du château de Versailles.

Il y a tant à découvrir lors des Journées des métiers d'art, du 31 mars au 6 avril de 10h à 12h et de 14h à 17h, sur le site Cosserat, rue Maberly à Amiens.