L’éolien bat des records de production dans les Hauts-de-France
Trois nouveaux records de production d’électricité éolienne ont été battus en ce début d’année 2020. Pendant la tempête Ciara, la production est grimpée à 3 956 MW. Une situation paradoxale à l’heure où la Région souhaite bloquer l’implantation de nouvelles installations. Analyse.
Elles s’appellent Ciara, Dennis ou encore Ellen. Depuis le début de l’année, les éoliennes ont affronté en Hauts-de-France des vents forts, très forts.
Les tempêtes qui se sont succédées, avec des vents enregistrés à plus de 120 k/ h sur la Côte d’Opale, 110 et 120 km/ h dans l’Artois et plus de 100 km/ h en métropole lilloise, ont causé d’importants dégâts. Arbres déracinés, lignes téléphoniques et électriques arrachées, retard de trains, toitures envolées… les fortes rafales enregistrées n’ont pas eu que des conséquences négatives : elles ont aussi permis de produire une importante quantité d’électricité éolienne. La région a d’ailleurs battu des records de production en ce début d’année 2020.
Ainsi, le 9 février à 9h45, 3 956 MW ont été produits grâce aux éoliennes. « C’est 92% des capacités de production actuellement installées dans les Hauts-de-France », indique RTE dans un communiqué. Rien d’étonnant dans la mesure où la région est la plus grosse productrice d’électricité éolienne de France, avec 9 078 GW produits au total en 2019, largement devant la région Grand-Est et ses 7 675 GW.
Mieux que le nucléaire
C’est la centrale nucléaire de Gravelines, la deuxième d’Europe en termes de puissance, qui produit habituellement la majeure partie de l’électricité consommée. Mise en service entre 1980 et 1985, elle dispose de six réacteurs de 900 MW, qui ont une puissance nette totale de 5 400 MW.
Le 9 février, RTE, qui assure le transport de l’électricité, surveille et coordonne en temps réel la production et les besoins, a cependant enregistré un important pic de production éolienne. « La situation était exceptionnelle. En temps normal, c’est la centrale de Gravelines qui produit les deux tiers de l’électricité consommée en région. L’éolien peut prendre le dessus dans certaines conditions », explique Laurent Cantat-Lampin, directeur régional de RTE.
Le 14 janvier, puis les 2 et 9 février à l’instant T, les éoliennes ont fait mieux que le nucléaire. Les relevés de RTE montrent que le 14 janvier à 16 h 45, 60% des besoins ont été couverts par l’éolien. Même chose le 2 février à 14 h 30. Le 9 février à 9 h 45, c’est quasiment 70% des besoins qui ont été couverts.
Il est aujourd’hui possible de suivre la production en temps réel grâce à l’application mobile éCO2mix ou sur le site Internet de RTE : https://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-donnees-regionales
Si le nucléaire reste au premier plan pour la production d’énergie, les énergies renouvelables, qui se développent de plus en plus, pourraient devenir prépondérantes.
Mix énergétique
On observe à travers ces chiffres que l’éolien est une solution tout à fait rentable en cas de forts coups de vent, ce qui, il faut le souligner, est de plus en plus fréquent. Pourtant la Région, dans le même temps, ne veut plus d’installations éoliennes supplémentaires sur son territoire. En effet, le Conseil régional veut inciter le développement d’autres énergies renouvelables, notamment le solaire, afin de trouver le bon équilibre en matière de mix énergétique.
Car, contrairement, à l’éolien, le solaire reste très peu développé sur le territoire. La situation devrait cependant changer dans les années à venir, le Conseil régional souhaitant le développer de façon significative. RTE doit dans l’intervalle retravailler son réseau et ses infrastructures pour supporter les nouvelles installations. L’entreprise devrait investir 100 millions d’euros par an pour se préparer à ces changements.