L’entreprise familiale échappe-t-elle à la crise ?
L’entreprise familiale résisterait plutôt bien à la crise, d’après une étude du cabinet Pwc. Mais les questions de succession, de gestion des talents et de recherche de taille critique brident leur développement, y compris à l’international.
Alors que la crise ne cesse de s’aggraver, les deux tiers des entreprises familiales à travers le monde ont déclaré être en croissance en 2011. Telles sont les conclusions du rapport Family Business Survey 2012, réalisé par PWC, cabinet d’audit, d’expertise comptable et de conseil. Cette étude a été menée auprès de 1 952 entreprises dans 28 pays, entre juin et septembre 2012. Au total, seules 19 % de ces entreprises auraient connu une baisse de leurs ventes, en 2011. Une nette amélioration, puisqu’en 2010, elles étaient 34 % à avoir constaté cette diminution. Par ailleurs, à en suivre leurs déclarations, ces entreprises ont des valeurs plus aff irmées que les autres, surtout lorsque les affaires se transmettent sur plusieurs générations. Et elles adoptent un comportement spécifique, notamment en matière d’emploi. « 81 % d’entre elles affirment ainsi se battre pour retenir leurs employés, même dans les périodes difficiles », rapportent les analystes. Les entreprises familiales constitueraient donc un socle plus stable, moins prompt à licencier lorsque les diff icultés économiques s’accroissent.
Le monde impitoyable de la succession
Autre spécificité de ces entreprises : le problème de l’organisation de la succession. En effet, si 41 % de ces entreprises interrogées souhaitent transmettre l’affaire à la prochaine génération, plus de la moitié ne sont pas certaines de pouvoir compter sur l’enthousiasme et la compétence de la descendance. En revanche, 17 % seulement des entreprises envisagent la vente.
Résultat : le moment de la succession est redouté. Presque une entreprise sur dix craint même qu’une guerre familiale ne se déchaîne à cette occasion. Pour autant, moins du quart des entreprises a mis en place de procédure pour gérer les conflits. Et la moitié seulement dispose d’un pacte d’actionnaires. Par ailleurs, la gouvernance de l’entreprise n’est que rarement entièrement familiale : 64 % des sociétés interrogées intègrent des membres extérieurs à la famille dans le comité de direction.
Autre problème jugé de plus en plus crucial par ces entreprises : le recrutement de personnel qualifié. En 2011, 43 % le considèrent comme un enjeu majeur, contre 38 % en 2010. Près de 60 % aff irment qu’attirer les talents représentera un enjeu clé au cours des cinq prochaines années. En France, tout particulièrement, les entreprises sont nombreuses à estimer que les jeunes n’ont pas les compétences nécessaires au sortir de leurs études.
L’avenir à l’export de proximité
Malgré ces diff icultés et la morosité du climat économique, les entreprises familiales semblent dynamiques et porteuses de projets pour 2013, notamment à l’international. L’an dernier, elles étaient déjà 67 % à exporter. Aujourd’hui, les trois quarts d’entre elles comptent le faire d’ici 2017. Et celles qui exportent déjà veulent accroître leur chiffre d’affaires effectué à international. Toutefois, ces sociétés privilégient les marchés proches, plutôt que de tenter l’aventure vers des territoires aux potentiels de croissance plus élevés, mais qui leur semblent trop lointains, d’accès complexe. Un quart des entreprises déclarent même préférer rester sur le territoire national pour déployer leur activité. En tout cas, les projets ne manquent pas.
Pour autant, les entreprises familiales se sentent peu soutenues par leurs gouvernements, notamment en matière de taxes et de procédures. Si ce sentiment est mondialement partagé, il est particulièrement exprimé par les entreprises en France. Leurs attentes : « Une réduction des contraintes administratives, un environnement économique plus stable, des taux d’intérêt bas, un marché du travail plus flexible, des primes à l’emploi et à la formation plus poussées, un cadre réglementaire et fiscal plus stable ainsi que des investissements dans les infrastructures », liste l’étude.