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L’ABSENTÉISME, UN MAL À SOIGNER

L’ABSENTÉISME, UN MAL À SOIGNER

Christian Legay, consultant en développement de la performance managériale et dirigeant de Managexpert, a rencontré une dizaine de managers lors d’une conférence donnée au Cnam Hauts-de-France (Conservatoire national des arts et métiers) pour discuter d’un mal dont ceux des employés récurrent en entreprise : l’absentéisme.

Selon une étude du cabinet Ayming, le taux moyen d’absentéisme en France a été de 4,55% en 2016, ce qui représente en moyenne 16,6 jours d’absence par employé du privé. L’absentéisme est alors une réelle problématique dans la région, les salariés des Hauts-de-France regroupant 8% des salariés français.

COÛTS DIRECTS ET INDIRECTS

La Caisse primaire d’assurance maladie a indemnisé 29 millions journées d’absence en 2016 dans les Hauts-de-France. « Ces chiffres sont en progression chaque année, car le phénomène d’absentéisme ne cesse de prendre de l’ampleur », déplore Christian Legay, consultant en développement de la performance managériale et dirigeant de Managexpert. Les absences injustifiées à répétition ont un coût pour l’État, mais aussi pour l’employeur. Dans une entreprise de 90 personnes avec une masse salariale estimée à 2 250 000 euros, le coût de l’absentéisme représenterait 150 000 euros. À plus petite échelle, un absent sans justification représenterait jusqu’à trois fois son salaire pour une entreprise. « Les coûts de l’absentéisme pour un employeur sont aussi indirects : lorsqu’un salarié s’absente sans prévenir, l’organisation interne devient difficile. Il faut parfois faire appel à un remplaçant qui doit ensuite être formé. Tout ça coûte cher, en plus de créer une mauvaise ambiance », explique Christian Legay.

PERTE DE MOTIVATION ET CERCLE VICIEUX

Les cas d’absentéisme s’avèrent plus importants dans le secteur des services (5,65%) et de la santé (4,8%). Des chiffres qui peuvent étonner, selon le dirigeant de Managexpert. « On pouvait s’attendre à ce que les métiers à pénibilité physique, comme dans le secteur du BTP, soient plus touchés. Or, les études montrent que les causes de l’absentéisme sont plutôt d’ordre moral. » 56% des cas d’absentéisme sont liés à une baisse de motivation, due à une insatisfaction au travail, une charge de travail trop importante ou à une mauvaise communication interne. « Mais il ne faut pas minimiser une part de salariés simplement insouciants, où se laissant dépasser par des problèmes personnels. » Ainsi, 5% des cas d’absentéisme sont justifiés par des certificats médicaux livrés sans réelle maladie, en représailles de congés non accordés par un employeur. « D’autres s’absentent également pour s’adonner à une seconde activité salariale, car leur rémunération n’est pas assez élevée. » Phénomène non négligeable : l’absentéisme engendre l’absentéisme. « Si un salarié est absent, la charge de travail devient plus importante pour ses collègues. Peu à peu, ces derniers se découragent à leur tour et cèdent, eux aussi, à l’absentéisme », remarque Christian Legay.

“L’EXILLIANCE” COMME SOLUTION

En sus d’une communication quotidienne, les entretiens entre employeurs et employés pour faire le point sur la motivation et l’ambiance au travail, constituent la solution la plus évidente pour pallier l’absentéisme. Christian Legay suggère même d’instaurer ces entretiens à chaque retour d’absence non justifiée. Pour reprendre les mots de son collaborateur Frédéric Vabdewalle, le consultant rappelle que l’idéal est de faire preuve “d’exilliance”. « L’exilliance est un juste équilibre entre l’exigence et la bienveillance. L’exigence sert a dépasser des ambitions communes, la bienveillance sert à rendre durable cette exigence au sein du personnel. » Aux grands maux les grands remèdes, certaines mesures administratives peuvent également être prises. Pour éviter la réception de faux certificats de maladie, une campagne de vaccination en entreprise est fortement recommandée. « Elle supprime la possibilité de donner de fausses excuses. Et en cas de réelle maladie, elle évite la contamination des collègues ainsi que leur possible absence par la suite. » En cas de maladie feinte, le consultant en management rappelle que l’employeur peut désormais avoir recours à une société privée pour rendre visite au salarié absent à la place du personnel de la sécurité sociale. Enfin, l’éventuelle instauration d’une prime de présence a elle aussi été abordée. Bien qu’elle puisse être efficace, cette dernière soulève bien des questions : « Le salaire n’est-il pas déjà une prime de présence par définition ? »