Gérard Diruy, nouveau président du Tribunal de commerce d'Amiens
Martine Beaurain, ancienne présidente du Tribunal de commerce d'Amiens, a ouvert pour la dernière fois l'audience solennelle de rentrée du 14 janvier et dressé le bilan de l'année écoulée avant de souhaiter la bienvenue à son successeur, Gérard Diruy, qui reprend le flambeau pour l'année 2020.
« C’est avec une émotion toute particulière que je vous retrouve cette année pour notre rentrée traditionnelle. Comme j’ai démissionné de la présidence du Tribunal de commerce en novembre, c’est la dernière fois que me revient l’honneur de vous accueillir ici pour ouvrir notre audience solennelle ». C’est en ces mots que Martine Beaurain a débuté la traditionnelle audience solennelle du Tribunal de commerce d’Amiens le 14 janvier, aux côtés de Gérard Diruy, son successeur, à qui elle a par ailleurs souhaité la bienvenue et de qui elle a dressé un portrait élogieux. « Je quitte mon poste sereine et rassurée car Gérard Diruy est un juge de grande expérience. Homme calme et patient, il a toujours su faire preuve de clarté et de fermeté dans ses décisions ». Vice-président depuis 2018, l’ancien président de la FFB Somme et ancien dirigeant de la société éponyme, qui compte désormais 80 collaborateurs, a en effet déjà été sollicité à de nombreuses reprises pour remplacer Martine Beaurain au cours des derniers mois, cette dernière ayant subi des problèmes de santé. « Il a parfaitement rempli la fonction », a-t-elle résumé, avant que Gérard Diruy prenne la parole pour évoquer ses projets pour les mois à venir.
Accompagner les chefs d’entreprises
« Le développement de la conciliation sera poursuivi, mais aussi la continuation de la prévention dans les chemins tracés par le président Vachon, précurseur en la matière puisque dès 2005, il l’avait mise en place dans notre juridiction », a indiqué Gérard Diruy, avant de poursuivre : « Elle utilise des outils prédictifs mis à disposition par notre greffe en croisant à titre confidentiel l’ensemble des données d’une entreprise, qu’elle soient économiques ou judiciaires ». Le président récemment élu a également affirmé vouloir s’attacher aux procédures collectives et mettre l’accent sur l’accompagnement psychologique des chefs d’entreprises, souvent « désespérés après des années d’efforts anéantis ». Il a par ailleurs rappelé le rôle de l’Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aïgue) qui répond de manière « gratuite, rapide et confidentielle » à ceux qui sont dans le besoin et affirmé sa volonté d’en faciliter l’établissement par l’intermédiaire d’une association.
Un bilan en demi teinte
Après sept ans de présidence, Martine Beaurain a quant à elle pu dresser un bilan de cette expérience : « Durant toute cette période, j’ai connu beaucoup de satisfactions mais la fonction place aussi nécessairement devant des situations particulièrement difficiles ». L’ancienne présidente s’est dite « triste » de constater que 70% des entreprises en difficultés viennent encore au tribunal pour déclarer leur état de cessation de paiement et demander directement la liquidation judiciaire. « Le chef d’entreprise vient quand rien ne plus plus être fait ou qu’il n’a plus la force d’envisager une quelconque opération de survie », regrette-t-elle. Côté déceptions, Martine Beaurain a également évoqué la procédure de WN, « qui malgré un soutien important autour de projets novateurs se termine certes par un plan de cession d’une partie de l’activité avec la reprise de 44 salariés mais surtout malheureusement aussi par une liquidation judiciaire pour le reste avec le licenciement de 141 salariés non repris ainsi qu’un passif important tant pour les créanciers publics que privés ».
« Le chef d’entreprise vient quand rien ne plus plus être fait »
L’ancienne présidente a également évoqué certaines satisfactions comme celles permises au terme de procédures amiables, « qui conviennent plutôt aux difficultés conjoncturelles telles que la perte d’un gros contrat ou une lourde ardoise client » : « Cette procédure, déclenchée rapidement par le mandat ad hoc ou la conciliation, permet de surmonter des difficultés passagères dans 70 à 75% des cas. De plus, comme elles sont confidentielles, l’entreprise ne perd pas la confiance de ses clients et fournisseurs et les assureurs-crédit n’en sont pas informés ». Une procédure dont l’accès pour les entreprises de moins de 25 salariés a été facilité par la Région à travers l’attribution de fonds de premier secours sous la forme d’avances remboursables. À Amiens, il y a déjà eu 24 fonds accordés pour un montant de 940 000 euros, ce qui a permis de sauver 132 emplois. « Ce qui fait une somme raisonnable par emploi sauvé », a conclu Martine Beaurain, avant de saluer le président de Région, Xavier Bertrand, à l’origine de ce qu’elle qualifie de « succès ».
Encadré :
Les chiffres clés de l’année 2019
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120 dirigeants d’entreprises se sont présentés au TC
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1 100 dossiers détectés
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918 sociétés commerciales créés, contre 861 en 2018 (+6,62%)
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779 sociétés commerciales radiées, contre 623 en 2018 (+25,04%)
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809 injonctions de payer, contre 799 en 2018 (+1,25%)
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108 référés, contre 97 en 2018 (+11,34%)
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117 entretiens de prévention, contre 177 en 2018 (-33,90%)
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297 ouvertures de procédures collectives, contre 310 en 2018 (-4,19%)