En dix ans, les berges de l'Aisne ont changé de visage

Le week-end, à la période estivale et quand la lueur du jour se prolonge jusque tard le soir, les Soissonnais sont nombreux à se diriger vers les bords de l'Aisne, chose quasi impensable il y a dix ans. D'un espace de la ville complètement délaissé, enserré de friches industrielles, et où la végétation était devenue reine par endroits, le lieu est (re)devenu celui de la promenade et du loisirs, de la contemplation et du plaisir. Ceux qui souhaitent simplement flâner peuvent le faire sur des quais entièrement réhabilités ou peuvent s'asseoir face à la rivière, sur du mobilier urbain renouvelé et confortable. Certains préféreront s'attabler à la table de terrasses éphémères installées par des cafetiers. D'autres encore peuvent profiter des lieux pour s'adonner à une pratique sportive en solitaire ou en groupe avec des associations locales.

Reconnecter la rivière à la ville

Tous ceux qui ont connu les berges de l'Aisne il y a dix ans y voient la différence. « Les lieux étaient délaissés, marqués par la présence d'anciens silos inexploités depuis des années qui ont été démolis, par un encombrement de stationnement de voitures et par des friches diverses, note Ginette Platrier, maire-adjointe en charge de l'urbanisme et des travaux. Nous avions aussi de nombreux peupliers qui masquaient les silos mais par la même occasion l'Aisne. Le fait d'avoir une telle rivière qui traverse la ville était un potentiel incroyable mais pas du tout exploité. Notre projet a été d'engager l'aménagement et la requalification des berges afin de connecter la rivière au centre-ville. »

Les grandes manœuvres ont débuté il y a dix ans. Un ancien pont qui relie le quartier populaire de Saint-Waast à celui du centre-ville est remplacé par une passerelle piétonne plus large, dite passerelle des Anglais. Des travaux sont aussi engagés d'abord sur la rive droite sur laquelle on trouve le port. Les anciens silos ont laissé place à 3 immeubles de logements et les berges, inaccessibles après la passerelle, sont complètement reprises. Le quai bas est réaménagé ainsi que le quai haut. 

Puis la rive gauche est traitée à partir de 2020 avec un renforcement des quais et des supports de la passerelle. Une première phase se concentre entre le pont Gambetta et la passerelle où une rampe d'accès pour les PMR est créée et où l'embouchure de la Crise, une petite rivière qui avait quasiment disparu sous la végétation abondante, est nettoyée et révélée. La seconde phase, récemment achevée, a concerné la partie comprise entre la passerelle et la mairie avec l'objectif de ne plus y faire reine la voiture et de prendre en compte la dimension environnementale. « Le long de cette partie de l'Aisne, nous avons pincé la circulation automobile pour éviter que la vitesse ne soit excessive et pour avoir un espace adouci et partagé avec une zone à 30 km/h et même à 20 km/h devant la mairie, précise l'adjointe aux travaux. Sur le quai, nous avons disposé un mobilier de qualité commun aux deux rives avec des chaises et chaises longues, des bornes pour les bateaux, des brumisateurs. Le sol est traité avec du granit de Bretagne. Nous avons aussi planté 200 arbres pour végétaliser les berges. »

La requalification de la rive droite (11 400 m2) a coûté près de 3 millions d'euros TTC, subventionnés à 70%, notamment par l'Europe puis la Région et le Département. Celle de la rive gauche, plus vaste (29 000 m2), a coûté 8,5 millions d'euros TTC, subventionnés à 25% par les mêmes partenaires ainsi que par l'agglomération du GrandSoissons. Le jeu en vaut la chandelle pour Sylvie Coupey, adjointe au commerce, qui voit déjà quelques restaurants s'installer dans le secteur comme le bien nommé La Passerelle et qui espère que Soissonnais et touristes feront de ce lieu un incontournable de la Cité du Vase. Plusieurs cafés et restaurants ont répondu à des appels à projet de la mairie pour installer leur terrasse sur les quais quand les animations musicales et sportives rythment les week-end estivaux. Les berges de l'Aisne ont retrouvé tout leur charme.