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Chantilly : un musée aux multiples facettes

Pour pouvoir continuer à vivre, à être entretenu, offrir les plus belles expositions chaque année et alors que les budgets alloués à la culture sont rabotés au fil du temps, le musée de Condé, ouvert au public depuis 1898 au sein du Domaine de Chantilly a opté pour les partenariats publics privés pour assurer sa pérennité.

Le parc de 115 hectares au sein duquel se trouve le château est régulièrement utilisé pour des événements en plein air.
Le parc de 115 hectares au sein duquel se trouve le château est régulièrement utilisé pour des événements en plein air.
Le château du Domaine de Chantilly abrite le musée Condé qui est le plus visité de Picardie avec près de 450 000 visiteurs en 2014.

Le château du Domaine de Chantilly abrite le musée Condé qui est le plus visité de Picardie avec près de 450 000 visiteurs en 2014.

Il y a différentes identités et cela n’aide pas forcément à communiquer. » Nicole Garnier, la conservateur en chef du patrimoine chargée du musée Condé, l’avoue sans détour. Au coeur des 7 800 hectares qui composent le Domaine de Chantilly se trouve le musée Condé. Ce dernier est en concurrence permanente, en terme d’image, avec la réputation équine de la cité cantilienne. Pourtant, au sein de la première ville d’Europe en terme de courses d’équitation, existe l’une des plus belles collections artistiques de France. Elle la doit en grande partie à Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897) cinquième fils du dernier roi des Français, Louis-Philippe. À l’âge de huit ans, le duc d’Aumale hérite du domaine de Chantilly réparti sur deux départements et 19 communes ainsi que de la fortune de son parrain, le dernier prince Condé, Louis-Henri- Joseph de Bourbon. Au cours de son existence, il n’a de cesse d’enrichir sa collection de livres précieux, de tableaux et d’objets d’art. Cependant, ce n’est qu’après un exil long de 23 ans en Angleterre (1848-1871) qu’il peut les entreposer dans son château. Afin d’exposer ses précieuses collections, il fait reconstruire la partie médiévale du château par l’architecte Honoré Daumé, car détruite pendant la Révolution française. En l’absence de descendants directs, il lègue son bien isarien à l’Institut de France en 1886. Ce n’est que le 17 avril 1898 que le musée Condé ouvre ses portes au public. Aujourd’hui, 118 ans après la mort d’un des plus grands collectionneurs de son époque, le duc d’Aumale, le château doit toujours faire face à des dépenses gargantuesques pour conserver en état l’une des plus belles collections de France.

Des visiteurs de plus en plus nombreux

Avec près de 450 000 visiteurs, sur l’ensemble du domaine, en 2014, l’année en cours se veut encore meilleure. « On espère près de 490 000 personnes en 2015. À terme, le chiffre de 500 000 entrées est un objectif », explique Nicole Garnier. Le nombre de visites est bien au-delà des 300 000 réalisées en 1994. Ce retour à la hausse s’explique par la fin des grands travaux qui ont pu saper un peu la fréquentation. Désormais, l’objectif est de lisser sur une année complète ces visites qui se concentrent bien souvent sur les périodes les plus agréables. Pour ce faire, « on essaye de drainer sur l’automne des expositions d’envergure internationale. Cette année, à partir de septembre, on va faire une exposition autour de François Ier et les 500 ans de la bataille de Marignan. On va faire venir des pièces de la Bibliothèque nationale de France », explique sans vouloir tout dévoiler Nicole Garnier. Ces décisions portent leurs fruits et attirent même au-delà des frontières françaises. « En remontant, beaucoup de touristes anglais font une halte à Chantilly et en profite pour visiter le musée », rapporte Nicole Garnier. Certains viennent même de plus loin comme les touristes chinois ou indiens. Ces derniers ont été près de 8 000 à venir dans la cité isarienne l’année passée. Le petit plus est mis sur la qualité de service fournie aux touristes indiens. « On leur réserve la Cabotière. Ainsi, eux qui se déplacent avec leurs propres chefs, peuvent manger selon les préceptes de leur religion. C’est une chose qui n’est pas faite à Versailles par exemple », lance Nicole Garnier.

Le mécénat pour financer

Le parc de 115 hectares au sein duquel se trouve le château est régulièrement utilisé pour des événements en plein air.

Le parc de 115 hectares au sein duquel se trouve le château est régulièrement utilisé pour des événements en plein air.

Cependant, ces rentrées d’argent sonnantes et trébuchantes rapportent des millions d’euros, mais elles ne peuvent assurer le coût de fonctionnement d’un lieu dont le chiffre d’affaires se compte en millions d’euros. Sous l’impulsion de l’Aga Khan, la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly est créée en 2005. Le chef des Ismaéliens, un courant minoritaire de l’Islam chiite, est le principal mécène du Domaine.

Au travers cette organisation reconnue d’utilité publique, l’imam philanthrope a investi « 40 millions d’euros en tout. La Fondation est gestionnaire pour 20 ans. Elle a pour but de participer au financement des travaux de restauration, d’entretien et conservation du château de Chantilly et de ses collections, de son parc fermé et des bâtiments qu’il contient », détaille Nicole Garnier. Cette aide non négligeable a permis le développement d’une grande politique de restauration, chiffrée à 70 millions d’euros.

Dans une moindre mesure, l’association des Amis du musée Condé participe également activement à la survie du patrimoine présent à Chantilly. Enfin, il reste les entreprises picardes. Ces dernières participent également à travers des dons ponctuels à l’amélioration de la collection cantilienne. Et, ce n’est pas la défiscalisation qui incite ces entreprises à investir des milliers d’euros. Simplement le goût de la culture. Elles sont tout de même remerciées publiquement. Leurs noms s’affichent en bas de chacun des descriptifs des œuvres d’art.

La privatisation pour rallonger les budgets

Le mécénat direct réalisé par certaines entreprises prend une apparence différente chez d’autres. « Tout se négocie. Tout s’étudie », se reprend Nicole Garnier. La conservatrice du musée entend par là évoquer les locations des salles du château. « Clairement, les petites réceptions dans le musée, les mariages qui ont lieu sur le domaine, c’est du locatif. L’objectif est de trouver de l’argent », poursuit celle qui est employée par le ministère de la Culture. Cette possibilité pour l’entreprise de bénéficier d’une location permet réellement de concourir à l’entretien du Domaine de Chantilly. En définitive, tout le monde peut participer à sa manière et à la hauteur de sa bourse à la survie du patrimoine dont regorge le plus célèbre des musées picards.

Info pratiques: 

Horaires : Ouvert 7/ 7 et jours fériés de 10 heures à 18 heures, jusqu’au 1er novembre
Tarifs  : Plein tarif : 16 euros/ Tarif réduit : 9,5 euros (sur présentation d’un justificatif)
Site internet 
: http://www.musee-conde.fr
Exposition :
Exposition Costumes de Bel- lange et de Berain, jusqu’au 13 août.
Activités :
Musée du cheval. Les Grandes écuries et leurs spectacles. Il est possible de découvrir le parc du Domaine de Chantilly en petit train, mais également en voiturette.

Alexandre BARLOT