Amazon : la robotisation en marche
La multinationale américaine d'achat et de vente en ligne, avait ouvert le site logistique de Boves, près d'Amiens, en septembre 2017. Le groupe est bien implanté dans la région puisque trois centres logistiques emploient 6 000 personnes dans les Hauts-de-France. Amazon y a investi 3,5 milliards d'euros au total.
Le site de Boves emploie pour sa part 1 000 salariés et 300 embauches supplémentaires sont annoncées pour la fin d'année 2025. Amazon transforme en effet le lieu et lance la robotisation du site avec un investissement de 110 M€. Une question légitime peut d'emblée se poser : la robotisation ne supprimera pas de postes mais permettra à l'inverse d'embaucher ? A cette question, Josselin Broux, le directeur d'Amazon Boves, répond sans hésitation : «La robotisation fera gagner 40% de surface de stockage. La plateforme pourra donc recevoir 40% de commandes supplémentaires, c'est là qu'il faudra du personnel en plus pour expédier ces commandes».
La démonstration est manifeste, Josselin Broux ajoute que «l'enjeu de la robotisation est d'accompagner la transition numérique qui témoigne de la croissance d'Amazon. Les achats en ligne se développent, nous devons être capables d'y répondre et de travailler plus vite. La technologie le permet et cette innovation technologique se mettra au service des clients tout autant que des employés», précise-t-il.
La transformation se situe au niveau des armoires de stockage des produits, appelées «pods» dans l'univers Amazon : «Aujourd'hui, c'est le personnel qui se déplace de pods en pods pour récupérer les commandes. Demain, ce sera le pod qui viendra au personnel grâce à un robot qui se déplacera au sol. On peut imaginer une circulation des robots comme sur une autoroute, le système évitera que le personnel se retrouve en attente au même endroit». Car la réponse d'Amazon à la demande croissante est spectaculaire : le site fonctionnait avec 3 000 pods, il y en aura 10 000 dès ce mois de janvier 2025. Quand il fallait une semaine pour expédier un nombre donné de commandes chez les clients, la robotisation le réalisera en une journée.
La plateforme amiénoise bénéficiera d'une technologie spécifique Amazon de robots fabriqués aux Etats-Unis. «2 040 robots précisément, capable de déplacer des charges de 700 kg, circuleront sur le site, souligne Nicolas Vandemberghe du service ingénierie d'Amazon. On atteint même la limite technologique du nombre de robots pouvant répondre au système, au même endroit et au même moment».
La plus grande plateforme au sol de 60 000 m2
Seuls deux centres en France ont déjà fait cette transition robotique, ceux de Brétigny-sur-Orge au sud de Paris et Augny près de Metz. Boves est donc le troisième, mais il a dû s'adapter pour conserver son activité durant les deux années de travaux au total : «Le site de Boves avait la particularité de traiter les grands articles, explique Josselin Broux. Nous sommes passés au traitement des petits articles et nous resterons à l'avenir sur l'expédition des petits articles, toujours en France en grande majorité, mais aussi vers l'Europe en Allemagne et en Belgique, comme c'est le cas aujourd'hui. Nous serons en revanche le premier centre d'Amazon à effectuer une transformation de son site à 100%. » Autre première mondiale : Boves, et ses 60 000 m2 de surface au sol, sera la plus grande plateforme Amazon à faire fonctionner sa nouvelle robotisation. « Il y a bien des centres plus grands, ajoute le directeur, mais ils travaillent sur plusieurs étages et non sur une emprise au sol aussi étendue».
Le chantier avait débuté en mars 2024 pour construire les différents aménagements nécessaires. Parmi ceux-ci une grande passerelle de 200 mètres au-dessus du site robotisé pour les entrées et sorties du personnel. Les travaux du système de robotisation continuent en janvier 2025 jusqu'à l'ouverture du site entièrement transformé, programmé à la fin de l'année 2025 avec l'arrivée des 300 nouveaux salariés.
Amazon Boves en chiffres
110 millions d'euros d'investissement pour la robotisation du site
1 000 salariés en 2024, 1 300 salariés fin 2025
2 040 robots fin 2025