Admical veut mesurer l’efficacité du mécénat
Le mécénat survit à la crise. Après un creux il y a deux ans, le nombre d’entreprises qui le pratiquent a augmenté, notamment grâce aux PME. Et le mécénat culturel semble revenir en grâce. Toutefois, mieux mesurer l’impact de ses actions s’impose, d’après Admical, association qui réunit les entreprises mécènes.
Au fait, le mécénat d’entreprises, est-ce efficace ? Et pour qui ? Mieux mesurer l’impact de ces actions : c’est l’enjeu identifié par Admical, l’association qui réunit les entreprises mécènes, pour son congrès annuel qui se tiendra les 11 et 12 avril prochains. Le contexte de crise et les évolutions récentes du mécénat appellent cette réflexion, explique Olivier Tcherniak, président d’Admical, lors d’une conférence de presse, tenue le 27 mars. Ainsi, les frontières du mécénat avec la responsabilité sociale d’entreprise, la RSE, sont de plus en plus brouillées. Autre signal d’alarme, la récente remise en cause de la défiscalisation des opérations de mécénat par Bercy. « Il est essentiel de travailler à montrer l’impact économique, culturel et en matière de développement local, à Bercy. Les hommes politiques en région savent combien le mécénat est important », soutient Olivier Tcherniak. L’enjeu est de taille. Certes, les grandes entreprises affirment ne pas être conditionnées par la fiscalité du mécénat. « L’avantage fiscal, ce n’est pas ce qui nous meut », avance Catherine Ferrant , directrice du mécénat à la direction de la communication du groupe Total. Mais « aujourd’hui, la dynamique du mécénat est très poussée par les PME. Elles représentent une part de plus en plus importante en nombre d’entreprises et en budget », rappelle Olivier Tcherniak. Or, pour ces dernières « cela fait une grosse différence. (…)La diminution des déductions fiscales peut avoir un impact , non sur leur engagement mais sur les montants », estime Charlotte Dekoker, chargée de communication à Admical.
Mesure à la louche
Le chantier de l’évaluation de l’impact des mesures de mécénat est donc en cours, au sein d’Admical. Pour l’instant, les entreprises semblent mesurer l’eff icacité de leur mécénat de manière très partielle. Chez HSBC, « la mesure la plus aboutie est celle sur les collaborateurs », estime Marine de Bazelaire, déléguée générale de la fondation HSBC pour l’éducation. Chaque année, une enquête est menée sur leur engagement vis-à-vis de leur entreprise. Elle comprend des questions sur le mécénat. « On voit l’impact de cette réponse sur l’ensemble de l’engagement du salarié vis-à-vis de l’entreprise. C’est un vrai levier », explique Marine de Bazelaire. A la SNCF, on tente d’ évaluer les effets sur les publics visés par les politiques de mécénat, qui s’intègrent dans le champ de la solidarité. En cumulant les individus touchés par les associations soutenues par la fondation, Marianne Eshet, déléguée générale de la fondation SNCF, avance le chiffre de 250 000 bénéficiaires. « Pour confirmer l’impact réel, nous mettons en place une démarche d’évaluation », précise-t-elle. Autres impacts perçus, sur les salariés, cette fois ci. « On leur apporte une motivation supplémentaire. La SNCF devient de plus en plus une entreprise comme les autres. Le mécénat peut redonner du sens », estime Marianne Eshet.
La culture revient
Autre tendance, avec la crise, le mécénat s’était concentré sur les problématiques de solidarité. Mais aujourd’hui, « le mécénat culturel reprend de la force et de la vigueur », se réjouit Olivier Tcherniak. Un engagement que les entreprises envisagent de diverses façons. A la Société Générale, on a choisit de séparer le mécénat concernant la solidarité de celui relatif à la culture. « Nous avons la conviction qu’il s’agit de deux dynamiques différentes », explique Hafida Guenfoud- Duval, directrice du mécénat pour la Société Générale. L’établissement bancaire, qui détient une collection d’oeuvres contemporaines, organise par exemple des conférences pour ses collaborateurs, pour leur permettre d’approcher cette forme de création artistique. « Les conférences sont pleines », commente Hafida Guenfoud- Duval. L’approche est différente chez Total : crée en 1992, la fondation de l’entreprise agrège des actions relevant de différentes thématiques, au fur et à mesure du temps. Elle couvre donc des domaines aussi divers que la santé, l’environnement, avec la biodiversité marine, la solidarité, mais également la culture. Total est en particulier mécène de grandes expositions. A contrecourant, la fondation de la SNCF, qui dispose d’un budget de 3 millions d’euros, se focalise sur le domaine de la solidarité. Mais toutes se préoccupent aujourd’hui de mesurer l’impact de leurs actions de mécénat.