Production locale
À Cavillon, Bertrand Roucou est fier de ses œufs de plein air
L’agriculteur se félicite d’avoir fait le choix du plein air depuis 1997. Il ne comprend toutefois pas pourquoi les œufs en cage venant de l’étranger sont toujours autorisés et plaide pour pour que la grande distribution épaulent mieux les producteurs.
Exploitant agricole sur 180 hectares en culture conventionnée, Bertrand Roucou, installé à Briquemesnil dans la Somme, est également producteur d’œufs. Son poulailler de 700 m² se trouve à quelques kilomètres à Cavillon. Dès les débuts, en 1997, il s’est lancé dans les œufs de plein air.
« C’est une production qui correspondait le mieux à mes convictions et à ce que je souhaitait vendre aux consommateurs », confie-t-il. 4 500 pondeuses ont le loisir de vivre au rythme de la lumière et de picorer dans une parcelle de deux hectares. Arrivées à18 semaines, elles sont mises à retraite au bout d’un an. Une grande vente aux particuliers est organisée chaque 1er mai afin de leur offrir une belle et longue seconde vie. Toutes trouvent une famille.
La plus grosse partie de sa production, environ 3 900 œufs par jour, est vendu à la Société européenne de production de plein air (Seppa) de Breteuil-sur-Noye dans l’Oise. Le conditionneur les commercialise ensuite auprès de Cocorette : « C’est un avantage d’être adossé à un groupe coopératif, estime le vice président de la FDSEA 80, également trésorier de l’association régionale des producteurs d’œufs. Cela nous offre une plus grande visibilité dans le temps et une garantie de paiement. Cocorette s’occupe de la commercialisation et de nous payer au juste prix mais c’est toujours compliqué avec la grande distribution. La loi EGAlim 2 ne tient pas compte de tout notamment des hausses de matières premières qui ont été de 50%. Produire un œuf, cela coûte cher. »
Défendre la production locale
Bertrand Roucou reproche que rien ne soit fait pour interdire les importations d’œufs en cage et que les écologistes ne se saisissent pas de la question : « L’œuf est l’un des produits qui fait le plus de kilomètres, s’insurge-t-il. Il peut faire le tour du monde ! Il est important aussi que les consommateurs soient cohérents avec eux mêmes. C’est compliqué… Durant le confinement, on a bien travaillé. La reprise a été brutale mais certains ont garé leurs habitudes. Je me fais surtout du mauvais sang pour les producteurs bio, c’est un marché sous perfusion et les consommateurs ne veulent pas dépenser beaucoup d’argent. La vente d’œufs continue de progresser portée en particulier par les jeunes qui redécouvrent l’intérêt des choses simples… »
Des choses simples, il en propose chaque vendredi soir de 17 heures à 19 h 30 dans sa boutique à la ferme à Briquemesnil. Œufs à 20 centimes pièce, volailles sur commande (il a son propre abattoir ) mais aussi légumes et fruits maison (fraises, asperges, betteraves rouges, courges, tomates…) sont mis en vente. Ces produits sont aussi à retrouver sur le marché de l’Île aux fruits rue de Verdun à Amiens ou le samedi matin sur le marché au pied du beffroi à Amiens. Pour les fêtes de fin d’année, il élève et commercialise pintades, chapons, dindes… « J’aime faire de la belle volaille, être satisfait de mon travail », achève-t-il avant de reprendre le cours de sa journée, épaulé par un apprenti et une salariée.